
« Ce n’est pas en tapant sur la Fao, sur les Ong, sur les différentes institutions qu’on va régler le problème du Sénégal ». c’est le fond de la réponse que Jacques Diouf, Dg de la Fao, a opposée à la sortie du Président Abdoulaye Wade la semaine derrière. Sur les 190 membres que compte la Fao, « seul le Président Wade a tenu ce genre de propos qu’il sort de je ne sais où», déplore le secrétaire général de la Fao. Ce que Wade ignore, ajoute M. Diouf, est que la Fao est différente du Programme alimentaire mondial (Pam) qui gère l’aide alimentaire. «Il faut savoir aussi que la Fao a son budget voté par ses Etats membres et ces derniers contribuent à ce budget à hauteur de 960 millions de dollars (384 milliards de Cfa) », a notamment dit Jacques Diouf. La Fao, rappelle-t-il, lorsqu’elle a lancé un appel pour qu’on donne des semences, des engrais et autres, a mis 17 millions de dollars (06 ,8 milliards de Cfa) de ses ressources propres. «Quand elle a fait un appel, ce n’est pas pour que les soutiens passent entre ses mains. Elle a précisé que les aides devaient passer par voie bilatérale ou multilatérale. Chaque donateur avait la latitude de savoir par quel canal passer pour apporter l’assistance», explique le secrétaire général. Jacques Diouf dit ne pas comprendre où Abdoulaye Wade a pris ses 20% de prélèvement dont il parle». Cela suppose qu’une fois de plus, Me Wade s’est investi sur un terrain glissant qu’il ne maîtrise pas. «Wade, dit-il, doit savoir que le développement économique et social d’un pays incombe à son peuple et à ses dirigeants, mais pas à la Fao, aux Ong, ni à la Banque mondiale encore moins au Fmi». Sur les causes de cette crise alimentaire mondiale, Jacques Diouf d’expliquer : «Cette situation est le résultat de politiques inappropriées, depuis une vingtaine d’années. Entre 1990 et 2000 on a baissé de moitié l’aide alimentaire à l’agriculture. Et cette aide alimentaire est, elle-même, baissée. Dans cette période, on a mené des politiques de soutien et des politiques tarifaires dans les pays développés qui ont abouti à décourager l’agriculture dans les pays en voie de développement». C’est pourquoi, estime M. Diouf, le plus important reste le combat pour une campagne agricole 2008 réussie. Pour cela, recommande-t-il, il faut que les agriculteurs aient accès aux semences, aux engrais, aux aliments du bétail dont les prix ont encore augmenté à cause de la situation actuelle. Le sommet de Rome de juin prochain sera la tribune pour trouver les causes, les mesures à court terme, les mesures à moyen terme et les mesures à long terme pour résoudre ce problème, annonce M. Diouf non sans lancer : «Les problèmes mondiaux ne vont pas se régler si chacun se replie sur son bastion national».
Source: L'observateur
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