
Ils ne sont ni musulmans ni chrétiens encore moins protestants. Bref, ils ne se réclament d'aucune religion révélée. Leur seule raison d'être, disent-ils, «c'est Dieu et le Christ». Car, déclare celui qu'ils considèrent comme étant leur évêque, «la seule chose importante dans ce monde, ce n'est rien d'autre que la vie.» Mieux, poursuit-il, «il ne faut croire à aucune religion parce qu'il n'en existe pas et ne permet pas à la personne d'aller au paradis. Il faut chercher à avoir l'esprit de Dieu dans notre corps et ne pas pécher est le seul moyen de l'acquérir. Tout le reste n'est pas important.» Un sermon qui semble recueillir l'adhésion des fidèles. Pour la simple et bonne raison que ces derniers prêtaient une grande attention pour ne pas dire tous les égards à ce discours.
Le désespoir se lisait sur tous les fronts à travers une mine triste, les yeux braqués sur le monsieur, les nombreux disciples présents ne juraient que par ce qu'il dit. Mais, il ne s'agit pas seulement pour l'évêque de prêcher pour la «Bonne Parole». Son discours est accompagné tantôt de chants de chorale tantôt de prières. Et ne parlons même pas des pas de danses esquissés.
APRES LA GUÉRISON
Ils payent en étant ouvriers et ouvrières
Nous sommes mardi, c'est le jour de la prière pour la guérison. 19 h. C'est l'heure où celui qui est considéré comme 1e grand maître se présente. «Kilifa gi», comme le surnomment certains, est arrivé. Tout de blanc vêtus, l'évêque, le pasteur, lés ouvriers et ouvrières sont tous en uniforme. Du haut vers le bas, de la chemise au pantalon en passant par la ceinture, les chaussettes jusqu'aux chaussures (même coupe pour les hommes), le blanc est identique. C'est également le cas chez les «ouvrières». Elles sont très élégantes dans leurs chemises blanches assorties de cravates en dentelle, minijupes et chaussures noires et leur coiffure avec chignon. Ils portent tous au doigt (auriculaire gauche) une alliance en argent pour les ouvriers, en or et à l'annulaire gauche pour les pasteurs et l'évêque...
En fait, les ouvriers ressemblent beaucoup plus à des hôtesses de l'air et autres stewards que des adeptes d'une quelconque religion. Même si leur rôle ne se limite pas seulement à l'accueil et la mise en place des fidèles. C'est également eux qui s'occupent de l'organisation et la distribution de l'huile soignante. Comme cela se fait dans les églises avec les prêtres qui donnent aux catholiques le «Corps du Christ».
En outre, l'on dit qu'ils ont été disciples avant de franchir le cap d'ouvriers serviteurs ou assistants de l'évêque et des pasteurs. Et en tant que tels, ils assument pleinement leur mission et vont parfois au-delà. Les ouvriers se chargent de «faire quitter les «faru rab» et «guélu rab» du corps des disciples ». Pour dire que de simple fidèle, l'on peut devenir «ouvrier guérisseur » par l'on ne sait quel miracle et quel don!
«DONNER LE MEILLEUR»
Des prières qui rapportent plein d'argent
Les prières sont gratuites, selon le pasteur, mais l'évêque demande, lui, le meilleur. Et le meilleur pour lui, dira-t-il, «c'est de cinq à dix mille francs ou plus ». Du lundi au dimanche, à chaque jour sa prière. Un programme bien chargé qui leur permet d'empocher des centaines de milliers de francs - et qui sait ? des millions - susceptibles d'assurer les loyers de toutes les salles dont ils disposent. «C'est grâce à vous que nous arrivons à payer le loyer de nos 7 églises», se réjouit l'évêque.
Le principe est simple: il suffit pour l'évêque de convaincre ses fidèles que si on donne à Dieu, celui-ci le rend doublement. «Mon Dieu récompense et redonne encore à celui qui a fait un geste en direction de sa maison et donne à celui qui n'a pas donné, car n'ayant rien reçu de toi», murmure le chef du clan. Et les adiya pleuvent de tout bord. Après, un des ouvriers ramasse tranquillement l'argent pour le garder tout en solennité dans un tissu rouge. Ensuite, c'est au tour des enveloppes. Parce qu'en fin de séance de prière, elles sont distribuées. «Vous devez prendre 10% de tout ce que vous obtiendrez après chaque prière pour le mettre dans l'enveloppe en guise de remerciement au Bon Dieu qui a exaucé vos voeux. Mais, vous ne pouvez en aucun cas dépenser tout votre argent sans donner à Dieu sa part », explique-t-il.
Avant de terminer son discours, l'évêque en profite pour informer les fidèles que ceux de Guédiawaye auraient besoin d'une nouvelle salle plus grande. C'est pourquoi, «je vous demande de préparer pour dimanche prochain (Ndlr : hier) le meilleur pour la location d'une nouvelle salle que j'ai déjà trouvée et dont la mensualité s'élève à 400 mille francs, mais avant il faudra régler la caution de quatre mois qui tournent autour d'un million six cent mille francs.» Et mieux, il déclare tout content avoir déjà signé un engagement pour l’acquisition de la salle à Guédiawaye. Pour des prières gratuites, le sont-elles réellement ?
PLUS SPORTIF QUE SPIRITUEL
Les prières, entre gymnastique et étirement!
Une vraie ambiance de fête rythmée par les sonorités ou notes d'un clavier! À cet effet, l'évêque dira que «faire la fête ne signifie pas uniquement boire, c'est également danser et prier.» Et quelle prière!
Une manière de prier que l'on ne retrouve dans aucune religion. En fait, cela ressemble plutôt à de la gymnastique qu'autre chose ! L’évêque demande d'abord que tous les disciples- quittent leur siège pour le rejoindre. Ensuite, les ouvriers et ouvrières s'occupent de les mettre en lignes droites. Et ça peut aller jusqu'à trois à quatre rangées, cela dépend des jours et du type de prière correspondante. Personne ne déborde et c'est comme qui dirait les «sappé » des musulmans qui se préparent à prier.
Après cette étape, vient celle où tous tendent les bras, exactement comme font les sportifs pour s'étirer. Ce n'est pas fini parce qu'à la suite de cela, c'est le moment de sautiller sur place. Des talons aux fesses, quoi.
Et voilà l'instant le plus critique puisque bon nombre de disciples, pas du tout endurants, s'épuisent et sont tout en sueur à cause de ces exercices physiques qui peuvent durer des minutes. C'est seulement après que débute la prière proprement parlées. On ferme les yeux, têtes baissées, les mains sur la poitrine et c'est parti pour les incantations. Chacun y va avec sa manière.
Des «Yallah nangama baal samay bakar dotou maka defati (que Dieu me pardonne tous mes pêchés, je ne pècherai plus) », fusent de partout à haute voix et dans une parfaite cacophonie. Parce que justement l'évêque leur a suggéré de demander à «Dieu» qui va exaucer leurs prières. D'aucuns n'hésitent pas à s'agenouiller, histoire de se faire certainement «le plus remarqués par Dieu». L’on aura tout vu dans cette salle et assurément il y en a, qui auront une place bien méritée au théâtre national Daniel Sorano.
Et le pire dans tout ce spectacle, c'est que bon nombre de ceux qui assistent à ces séances de prières le font à l'insu de leurs parents. Autrement dit, c'est en cachette qu'ils sont devenus adeptes de ce centre. «Moi, je viens ici depuis un an et j'avoue que mes parents n'ont jamais su», chuchote une jeune fille musulmane. Elle précise, en outre, que « c'est mieux ainsi». Et sa copine d'ajouter, «j'ai commencé à fréquenter le centre, alors que j'avais un problème pour me marier et lorsque mes prières ont été entendues, j'ai préféré ne rien dire à mon mari et de garder le secret pour moi.»
VENDREDI: JOUR DE «PRIERE FORTE»
Des scènes de transe dignes d'un « ndëp»
«Invoque-moi le jour de ta détresse et je te le délivrerai» (Psaumes 50 v.15). C'est par le biais des Psaumes de la Bible, notamment celui précité que les animateurs de ce qu'on pourrait appeler courant -d'autres parleraient de secte- s'appuient pour faire leurs prières. À cela s'ajoutent d'autres formules bien concoctées et susceptibles de rendre la personne hors d'elle si elles ne la transportent pas au septième ciel. Un véritable spectacle. D'ailleurs, c'est ce jour que les fidèles comblent la salle. L’évêque avec son micro les exige à croire ce qu'ils voient ou entendent. En fait, il leur ordonne de faire tout ce qu'il veut. Il commence d'abord par leur demander de fermer les yeux, les mains sur la poitrine, et de répéter après lui. Comme si l'on assistait à une séance d'hypnose. Des minutes après, dans la cacophonie, on entend les cris un peu partout dans la salle. Et au fur et à mesure que les gens piquaient des crises, l'évêque prêchait davantage, criait, montait sur des chaises, les gens continuaient à tomber en transe. Et c'est à ce moment précisément que les ouvrières et ouvriers jouent leur véritable rôle. C'est-à-dire, faire sortir des rangs les gens qui tombent en transe, les conduire devant et mains sur leur tête, il «ordonne aux méchants et mécréants de sortir de là.»
Et l'évêque aussi à son tour de placer sa main sur la tête des disciples et de se mettre à réciter des formules du genre : «Mon Dieu, enlève le mauvais esprit et le mauvais sort jeté sur cette personne, ô faru rab ou guélu rab quitte le corps de cette personne parce que ça ne t'appartient pas, etc.»
ROMPRE LE JEUNE AUX GARGOTES D'EN FACE
Le Ramadan attendra après la prière de l'évêque
Rappelons, par ailleurs, que la majorité des disciples est constituée de musulmans. Drôle de manière de jeûner pour ces derniers !
En ce mois béni de Ramadan, ces musulmans qui fréquentent le centre d'accueil universel du royaume de Dieu ne prient pas. Ou du moins pendant les heures qu'ils passent dans cet endroit. C'est-à-dire entre 17h et 20h 30. Parce que même si la prière est supposée durer lh 30, il y en a qui arrivent bien avant 19h, l'heure prévue pour le début des activités: Pis, ils préfèrent attendre la fin de la prière pour rompre leur jeûne. Pourquoi ? S’interroge-t-on. «Vous savez, 1 h 30 ce n'est pas beaucoup. Et nous pensons que cela n'invalide en rien notre jeûne. Donc en ce qui me concerne, j'attends toujours la fin pour rompre mon jeûne, j'ai l'habitude et ça ne me dérange nullement », répond une des jeunes femmes rencontrées dans les gargotes se trouvant en face du centre.
D'ailleurs, tous les musulmans accourent vers ces petits restaurants traditionnels appelés «tangana» pour prendre leur «ndogou». Pour ceux qui habitent la banlieue (Guédiawaye, Thiaroye, Pikine et autres), c'est le moment de prendre une bonne tasse de café Touba et du pain spaghetti garni aux oeufs bouillis avant d'affronter les durs instants à bord des
«ndiaga ndiaye» et autres véhicules Tata. Et pour les autres, l'on se contente de prendre du café chaud et une à deux dattes, le temps d'arriver à la maison. En tous les cas, retenons simplement que la présence de ces gargotes est «d'une aide précieuse» pour ces musulmans bien particuliers !
OUSTAZ TAIB SOCE
«Ce sont des gens qui ont perdu leurs repères»
S'agissant de ces gens qui vont prier dans ce lieu de «culte», Oustaz Taïb Socé pense que certes, ils sont libres de le faire, mais que l'islam est complet. Donc, être de religion musulmane et aller prier là-bas, n'a pas sa raison d'être. Mieux dit-il, «s'ils croient en cette prière, c'est déjà bien du moment que ça leur engage, mais sachez que l'islam est une religion très complète, mais malheureusement ce sont des gens qui ont perdu leurs repères.»
Source: Walf gran Place
Le désespoir se lisait sur tous les fronts à travers une mine triste, les yeux braqués sur le monsieur, les nombreux disciples présents ne juraient que par ce qu'il dit. Mais, il ne s'agit pas seulement pour l'évêque de prêcher pour la «Bonne Parole». Son discours est accompagné tantôt de chants de chorale tantôt de prières. Et ne parlons même pas des pas de danses esquissés.
APRES LA GUÉRISON
Ils payent en étant ouvriers et ouvrières
Nous sommes mardi, c'est le jour de la prière pour la guérison. 19 h. C'est l'heure où celui qui est considéré comme 1e grand maître se présente. «Kilifa gi», comme le surnomment certains, est arrivé. Tout de blanc vêtus, l'évêque, le pasteur, lés ouvriers et ouvrières sont tous en uniforme. Du haut vers le bas, de la chemise au pantalon en passant par la ceinture, les chaussettes jusqu'aux chaussures (même coupe pour les hommes), le blanc est identique. C'est également le cas chez les «ouvrières». Elles sont très élégantes dans leurs chemises blanches assorties de cravates en dentelle, minijupes et chaussures noires et leur coiffure avec chignon. Ils portent tous au doigt (auriculaire gauche) une alliance en argent pour les ouvriers, en or et à l'annulaire gauche pour les pasteurs et l'évêque...
En fait, les ouvriers ressemblent beaucoup plus à des hôtesses de l'air et autres stewards que des adeptes d'une quelconque religion. Même si leur rôle ne se limite pas seulement à l'accueil et la mise en place des fidèles. C'est également eux qui s'occupent de l'organisation et la distribution de l'huile soignante. Comme cela se fait dans les églises avec les prêtres qui donnent aux catholiques le «Corps du Christ».
En outre, l'on dit qu'ils ont été disciples avant de franchir le cap d'ouvriers serviteurs ou assistants de l'évêque et des pasteurs. Et en tant que tels, ils assument pleinement leur mission et vont parfois au-delà. Les ouvriers se chargent de «faire quitter les «faru rab» et «guélu rab» du corps des disciples ». Pour dire que de simple fidèle, l'on peut devenir «ouvrier guérisseur » par l'on ne sait quel miracle et quel don!
«DONNER LE MEILLEUR»
Des prières qui rapportent plein d'argent
Les prières sont gratuites, selon le pasteur, mais l'évêque demande, lui, le meilleur. Et le meilleur pour lui, dira-t-il, «c'est de cinq à dix mille francs ou plus ». Du lundi au dimanche, à chaque jour sa prière. Un programme bien chargé qui leur permet d'empocher des centaines de milliers de francs - et qui sait ? des millions - susceptibles d'assurer les loyers de toutes les salles dont ils disposent. «C'est grâce à vous que nous arrivons à payer le loyer de nos 7 églises», se réjouit l'évêque.
Le principe est simple: il suffit pour l'évêque de convaincre ses fidèles que si on donne à Dieu, celui-ci le rend doublement. «Mon Dieu récompense et redonne encore à celui qui a fait un geste en direction de sa maison et donne à celui qui n'a pas donné, car n'ayant rien reçu de toi», murmure le chef du clan. Et les adiya pleuvent de tout bord. Après, un des ouvriers ramasse tranquillement l'argent pour le garder tout en solennité dans un tissu rouge. Ensuite, c'est au tour des enveloppes. Parce qu'en fin de séance de prière, elles sont distribuées. «Vous devez prendre 10% de tout ce que vous obtiendrez après chaque prière pour le mettre dans l'enveloppe en guise de remerciement au Bon Dieu qui a exaucé vos voeux. Mais, vous ne pouvez en aucun cas dépenser tout votre argent sans donner à Dieu sa part », explique-t-il.
Avant de terminer son discours, l'évêque en profite pour informer les fidèles que ceux de Guédiawaye auraient besoin d'une nouvelle salle plus grande. C'est pourquoi, «je vous demande de préparer pour dimanche prochain (Ndlr : hier) le meilleur pour la location d'une nouvelle salle que j'ai déjà trouvée et dont la mensualité s'élève à 400 mille francs, mais avant il faudra régler la caution de quatre mois qui tournent autour d'un million six cent mille francs.» Et mieux, il déclare tout content avoir déjà signé un engagement pour l’acquisition de la salle à Guédiawaye. Pour des prières gratuites, le sont-elles réellement ?
PLUS SPORTIF QUE SPIRITUEL
Les prières, entre gymnastique et étirement!
Une vraie ambiance de fête rythmée par les sonorités ou notes d'un clavier! À cet effet, l'évêque dira que «faire la fête ne signifie pas uniquement boire, c'est également danser et prier.» Et quelle prière!
Une manière de prier que l'on ne retrouve dans aucune religion. En fait, cela ressemble plutôt à de la gymnastique qu'autre chose ! L’évêque demande d'abord que tous les disciples- quittent leur siège pour le rejoindre. Ensuite, les ouvriers et ouvrières s'occupent de les mettre en lignes droites. Et ça peut aller jusqu'à trois à quatre rangées, cela dépend des jours et du type de prière correspondante. Personne ne déborde et c'est comme qui dirait les «sappé » des musulmans qui se préparent à prier.
Après cette étape, vient celle où tous tendent les bras, exactement comme font les sportifs pour s'étirer. Ce n'est pas fini parce qu'à la suite de cela, c'est le moment de sautiller sur place. Des talons aux fesses, quoi.
Et voilà l'instant le plus critique puisque bon nombre de disciples, pas du tout endurants, s'épuisent et sont tout en sueur à cause de ces exercices physiques qui peuvent durer des minutes. C'est seulement après que débute la prière proprement parlées. On ferme les yeux, têtes baissées, les mains sur la poitrine et c'est parti pour les incantations. Chacun y va avec sa manière.
Des «Yallah nangama baal samay bakar dotou maka defati (que Dieu me pardonne tous mes pêchés, je ne pècherai plus) », fusent de partout à haute voix et dans une parfaite cacophonie. Parce que justement l'évêque leur a suggéré de demander à «Dieu» qui va exaucer leurs prières. D'aucuns n'hésitent pas à s'agenouiller, histoire de se faire certainement «le plus remarqués par Dieu». L’on aura tout vu dans cette salle et assurément il y en a, qui auront une place bien méritée au théâtre national Daniel Sorano.
Et le pire dans tout ce spectacle, c'est que bon nombre de ceux qui assistent à ces séances de prières le font à l'insu de leurs parents. Autrement dit, c'est en cachette qu'ils sont devenus adeptes de ce centre. «Moi, je viens ici depuis un an et j'avoue que mes parents n'ont jamais su», chuchote une jeune fille musulmane. Elle précise, en outre, que « c'est mieux ainsi». Et sa copine d'ajouter, «j'ai commencé à fréquenter le centre, alors que j'avais un problème pour me marier et lorsque mes prières ont été entendues, j'ai préféré ne rien dire à mon mari et de garder le secret pour moi.»
VENDREDI: JOUR DE «PRIERE FORTE»
Des scènes de transe dignes d'un « ndëp»
«Invoque-moi le jour de ta détresse et je te le délivrerai» (Psaumes 50 v.15). C'est par le biais des Psaumes de la Bible, notamment celui précité que les animateurs de ce qu'on pourrait appeler courant -d'autres parleraient de secte- s'appuient pour faire leurs prières. À cela s'ajoutent d'autres formules bien concoctées et susceptibles de rendre la personne hors d'elle si elles ne la transportent pas au septième ciel. Un véritable spectacle. D'ailleurs, c'est ce jour que les fidèles comblent la salle. L’évêque avec son micro les exige à croire ce qu'ils voient ou entendent. En fait, il leur ordonne de faire tout ce qu'il veut. Il commence d'abord par leur demander de fermer les yeux, les mains sur la poitrine, et de répéter après lui. Comme si l'on assistait à une séance d'hypnose. Des minutes après, dans la cacophonie, on entend les cris un peu partout dans la salle. Et au fur et à mesure que les gens piquaient des crises, l'évêque prêchait davantage, criait, montait sur des chaises, les gens continuaient à tomber en transe. Et c'est à ce moment précisément que les ouvrières et ouvriers jouent leur véritable rôle. C'est-à-dire, faire sortir des rangs les gens qui tombent en transe, les conduire devant et mains sur leur tête, il «ordonne aux méchants et mécréants de sortir de là.»
Et l'évêque aussi à son tour de placer sa main sur la tête des disciples et de se mettre à réciter des formules du genre : «Mon Dieu, enlève le mauvais esprit et le mauvais sort jeté sur cette personne, ô faru rab ou guélu rab quitte le corps de cette personne parce que ça ne t'appartient pas, etc.»
ROMPRE LE JEUNE AUX GARGOTES D'EN FACE
Le Ramadan attendra après la prière de l'évêque
Rappelons, par ailleurs, que la majorité des disciples est constituée de musulmans. Drôle de manière de jeûner pour ces derniers !
En ce mois béni de Ramadan, ces musulmans qui fréquentent le centre d'accueil universel du royaume de Dieu ne prient pas. Ou du moins pendant les heures qu'ils passent dans cet endroit. C'est-à-dire entre 17h et 20h 30. Parce que même si la prière est supposée durer lh 30, il y en a qui arrivent bien avant 19h, l'heure prévue pour le début des activités: Pis, ils préfèrent attendre la fin de la prière pour rompre leur jeûne. Pourquoi ? S’interroge-t-on. «Vous savez, 1 h 30 ce n'est pas beaucoup. Et nous pensons que cela n'invalide en rien notre jeûne. Donc en ce qui me concerne, j'attends toujours la fin pour rompre mon jeûne, j'ai l'habitude et ça ne me dérange nullement », répond une des jeunes femmes rencontrées dans les gargotes se trouvant en face du centre.
D'ailleurs, tous les musulmans accourent vers ces petits restaurants traditionnels appelés «tangana» pour prendre leur «ndogou». Pour ceux qui habitent la banlieue (Guédiawaye, Thiaroye, Pikine et autres), c'est le moment de prendre une bonne tasse de café Touba et du pain spaghetti garni aux oeufs bouillis avant d'affronter les durs instants à bord des
«ndiaga ndiaye» et autres véhicules Tata. Et pour les autres, l'on se contente de prendre du café chaud et une à deux dattes, le temps d'arriver à la maison. En tous les cas, retenons simplement que la présence de ces gargotes est «d'une aide précieuse» pour ces musulmans bien particuliers !
OUSTAZ TAIB SOCE
«Ce sont des gens qui ont perdu leurs repères»
S'agissant de ces gens qui vont prier dans ce lieu de «culte», Oustaz Taïb Socé pense que certes, ils sont libres de le faire, mais que l'islam est complet. Donc, être de religion musulmane et aller prier là-bas, n'a pas sa raison d'être. Mieux dit-il, «s'ils croient en cette prière, c'est déjà bien du moment que ça leur engage, mais sachez que l'islam est une religion très complète, mais malheureusement ce sont des gens qui ont perdu leurs repères.»
Source: Walf gran Place