
Après la cinquantaine de jeunes filles en transe le vendredi dernier, c’est au tour de 21 filles du lycée Lamine Guèye d’entrer dans la danse hier. Tôt dans la matinée d’hier, une équipe médicale a été mandatée pour faire le suivi des victimes d’hystérie en fin de semaine dernière. Dans cette équipe, le médecin psychiatre Idrissa Bâ de l’hôpital psychiatrique de Mbao et chef du Programme santé mentale du ministère de la Santé. Quelle ne fut leur surprise ! Le mal est toujours là. «C’est juste à 10 heures, quelque temps après notre arrivée sur les lieux, que des cas se sont signalés», confie le médecin psychiatre. Au total, dénombre Idrissa Bâ, 21 cas pour la matinée d’aujourd’hui dont 12 évacués dans les établissements sanitaires de Dakar. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? À cette question, le médecin psychiatrique se veut on ne peut plus prudent. «Il est difficile d’expliquer ce phénomène par telle ou telle raison scientifique. À notre niveau, nous disons que le travail va continuer pour faire le diagnostic de la situation avec les autorités scolaires. Je ne peux pas parler de conception traditionnelle. Je sais que ce sont des situations qui se présentent quand il y a du public, et il faut éviter d’en rajouter», se borne à dire le médecin. La plupart des victimes, ajoute-t-il, sont sous traitement pour des problèmes d’épilepsie.
Crise de l’image de l’autorité ?
Djiby Diakhaté s’est déporté sur les lieux pour voir à quoi ressemble ce décor sens dessous sens dessous. Le sociologue explique le phénomène par un « effritement de l’autorité. L’autorité renvoie à l’enseignant, aux autorités scolaires. Ce qui peut avoir des répercussions sur le psychique de l’élève ». Sur le cas spécifique du phénomène qui ne touche que des jeunes filles, Djiby Diakhaté explique que la formation de la personnalité de la fille est beaucoup plus fragile que celle du garçon. À ces explications rationnelles, le sociologue préconise des solutions tout aussi rationnelles telles que des activités récréatives à même, selon lui, de conjurer le mal. «Il est nécessaire d’organiser des journées de foyer, avec des récitals de poèmes pour ainsi faire de l’école un espace de récréativité. Et, surtout avec la disparition de Césaire, ces activités socioculturelles avec des récitals de poèmes apporteront beaucoup pour les élèves», conseille le sociologue.
La colère du génie Coumba Paye ?
Dans ce qu’il est convenu d’appeler le phénomène de l’année, chacun y va de ses explications. Sellé Paye, Lébou bon teint, ne doute pas que ce phénomène n’est qu’une conséquence de la furie de Coumba Paye. Membre des «freys» (associations des jeunes Lébous), et secrétaire général du Pinthe de M’Both (appellation traditionnelle de quartier comprenant les zones de l’Avenue Pompidou, les rues Glamour, Vincent…), Sellé Paye est convaincu que c’est l’une des épouses du génie lébou Leuk Daour, précisément Coumba Paye, qui est dans une colère rouge contre des chantiers tous azimuts, et qui ne permettent plus aux Lébous de faire leurs sacrifices, ni d’accéder aux lieux sacrés de leurs génies. Le jeune Lébou explique : « Partout où vous allez au monde, chaque lieu a ses réalités. Que l’on croie ou refuse de croire, c’est bien la réalité. Dakar appartient aux Lébous. Nous avons un triangle qui nous appartient. Il s’agit de Beigne qui correspond au 23è Bima, le Kakanam (Magic Land et tout le long de Soumbédioune) et Kagne (de Cap Manuel à Terrou Baye Sogui Ndoye). Tous ces secteurs mystiques sont aujourd’hui agressés du fait de chantiers qui poussent n’importe où et n’importe quoi. À l’exception de Terrou Baye Sogui». Pour Sellé Paye, il faut des sacrifices pour calmer la furie de Coumba Paye très en colère contre le décor qui désacralise les sites lébous.
Une foi chancelante expose aux esprits ?
L’imam Madiara Niane du Centre de Médecine islamique traditionnelle de Golf sud trouve qu’il n’ y a pas quoi fouetter un chat. «La question est bien simple. C’est un problème de « djin » (esprit). En 1996, on n’avait pas fait des sacrifices sur les lieux. Et, les «djin en redemandent». Et pourquoi des filles comme seules victimes ? La réponse de l’homme de Dieu ne s’est pas fait attendre. Toutes les victimes sont des gens à la foi chancelante. D’abord, ces filles n’arborent pas une tenue décente. Mais aussi et surtout, parce que leur foi n’est pas solide, elle est chancelante ». L’imam Madiara Niane préconise comme solution un récital de Coran sur les lieux pour, dit-il, «chasser les « djin».
Source: L'observateur
Crise de l’image de l’autorité ?
Djiby Diakhaté s’est déporté sur les lieux pour voir à quoi ressemble ce décor sens dessous sens dessous. Le sociologue explique le phénomène par un « effritement de l’autorité. L’autorité renvoie à l’enseignant, aux autorités scolaires. Ce qui peut avoir des répercussions sur le psychique de l’élève ». Sur le cas spécifique du phénomène qui ne touche que des jeunes filles, Djiby Diakhaté explique que la formation de la personnalité de la fille est beaucoup plus fragile que celle du garçon. À ces explications rationnelles, le sociologue préconise des solutions tout aussi rationnelles telles que des activités récréatives à même, selon lui, de conjurer le mal. «Il est nécessaire d’organiser des journées de foyer, avec des récitals de poèmes pour ainsi faire de l’école un espace de récréativité. Et, surtout avec la disparition de Césaire, ces activités socioculturelles avec des récitals de poèmes apporteront beaucoup pour les élèves», conseille le sociologue.
La colère du génie Coumba Paye ?
Dans ce qu’il est convenu d’appeler le phénomène de l’année, chacun y va de ses explications. Sellé Paye, Lébou bon teint, ne doute pas que ce phénomène n’est qu’une conséquence de la furie de Coumba Paye. Membre des «freys» (associations des jeunes Lébous), et secrétaire général du Pinthe de M’Both (appellation traditionnelle de quartier comprenant les zones de l’Avenue Pompidou, les rues Glamour, Vincent…), Sellé Paye est convaincu que c’est l’une des épouses du génie lébou Leuk Daour, précisément Coumba Paye, qui est dans une colère rouge contre des chantiers tous azimuts, et qui ne permettent plus aux Lébous de faire leurs sacrifices, ni d’accéder aux lieux sacrés de leurs génies. Le jeune Lébou explique : « Partout où vous allez au monde, chaque lieu a ses réalités. Que l’on croie ou refuse de croire, c’est bien la réalité. Dakar appartient aux Lébous. Nous avons un triangle qui nous appartient. Il s’agit de Beigne qui correspond au 23è Bima, le Kakanam (Magic Land et tout le long de Soumbédioune) et Kagne (de Cap Manuel à Terrou Baye Sogui Ndoye). Tous ces secteurs mystiques sont aujourd’hui agressés du fait de chantiers qui poussent n’importe où et n’importe quoi. À l’exception de Terrou Baye Sogui». Pour Sellé Paye, il faut des sacrifices pour calmer la furie de Coumba Paye très en colère contre le décor qui désacralise les sites lébous.
Une foi chancelante expose aux esprits ?
L’imam Madiara Niane du Centre de Médecine islamique traditionnelle de Golf sud trouve qu’il n’ y a pas quoi fouetter un chat. «La question est bien simple. C’est un problème de « djin » (esprit). En 1996, on n’avait pas fait des sacrifices sur les lieux. Et, les «djin en redemandent». Et pourquoi des filles comme seules victimes ? La réponse de l’homme de Dieu ne s’est pas fait attendre. Toutes les victimes sont des gens à la foi chancelante. D’abord, ces filles n’arborent pas une tenue décente. Mais aussi et surtout, parce que leur foi n’est pas solide, elle est chancelante ». L’imam Madiara Niane préconise comme solution un récital de Coran sur les lieux pour, dit-il, «chasser les « djin».
Source: L'observateur