
Les confidences qui enfoncent Kandé
Ça bruit à Petersen. Dans l’ancien marché qui a été rasé, et qui est devenu un immense terrain où on retrouve des cantines en bois, le bouche à oreille a fini de faire du meurtre de Fama Niane, un bruit sourd qui court à travers les étals.
Nous sommes derrière le garage du même nom. Dans ce lieu dépravé, délavé, au sol couvert de sable et parsemé de pierres, on parle, en chuchotant, du meurtre de cette jeune dame. Ici, tout le monde l’a connue «ainsi que son amant». En effet, la jeune femme, bien que mariée, «vivait en concubinage avec un homme du nom de Kandé», selon les confidences recueillies sur place. Un ressortissant du Fouladou. Ayant la taille d’un lutteur comme Gris Bordeaux, de teint clair, cet homme vivait dans ce marché de Petersen depuis deux ans déjà. Il avait été accueilli par les marchands qui ont toujours occupé les lieux et qui, par compassion, lui avait offert un endroit pour construire sa cantine qui lui servait plus de logis que de lieu de vente. A l’opposé de son concubin, Fama Niane, mesurait 1,60 m et était plutôt mince.
UN CONCUBIN «FETICHEUR» ET «AGRESSIF»
C’est tout au fond de ce marché, sur une rangée où se dressent les abris de plusieurs vendeurs de charbon, qui écoulent en gros, qu’une autre cantine en zinc rouillé se distingue. Sur la façade, il est écrit en arabe avec des lettres de couleur rouge Allahou Akbar (Dieu est Grand !). C’est à l’intérieur qu’aurait été tuée et découpée la jeune femme Fama Niane, âgée de 30 ans. Son meurtrier et concubin, qui serait âgé entre 40 et 45 ans, est défini comme un homme «agressif», mais surtout un «féticheur». Et, la plupart de ses voisins ne connaisse que son nom de famille. On ne lui connaît «ni femme ni enfant, mais seulement sa concubine Fama». Et, selon les informateurs qui, malgré l’injonction de la Police de ne pas communiquer sur cette affaire, «Fama passait, depuis six mois, ses nuits avec cet homme (certains parlent d’une période moins longue que celle-là). Elle venait le soir et, tous les matins, aux environs de onze heures, elle sortait de la cantine pour aller prendre son petit-déjeuner chez le vendeur de tangana». Il en était ainsi tous les jours. La dernière fois qu’elle a été aperçue sur les lieux remonte à la veille de la découverte de son corps sur la plage de Koussoum : le jeudi 13 mars 2009.
UNE «PITANCE» AVOISINANT PARFOIS 50 000 FRANCS PAR JOUR
Alors qu’elle se réveillait tard dans la matinée, son concubin, lui, partait très tôt, indique-t-on, demander l’aumône dans les quartiers huppés de la ville. Et à son retour, «il ramenait souvent, de l’huile, des sacs de riz et une somme qui avoisinait souvent les 50 000 francs». Devant la curiosité de ses voisins qui lui demandaient souvent d’où il pouvait tenir autant d’argent, il répondait : «Ce sont mes amis, les patrons des quartiers huppés de Dakar, qui me le donnent.» Il s’en arrêtait-là. Et la vie continuait ainsi.
Fama qui faisait croire à sa famille qu’elle travaillait, n’avait pas d’emploi, soutient-on à Pétersen. «Elle ne faisait rien, elle n’avait aucune activité. Mais, elle disait à son mari qu’elle travaillait les jours de semaine et, le week-end, elle le passait chez son mari, à Rufisque. Celui-ci ne se doutait de rien», apparemment. La famille de la défunte était-elle complice de ses agissements ?
«les SEINS ET LE CŒUR DE LA JEUNE FEMME N’ONT PAS ETE RETROUVES»
Selon nos interlocuteurs, Kandé aurait, la veille du gamou de Tivaouane à deux jours plus exactement, «acheté du sable fin et des briques en ciment. Interpellé sur l’usage de ces matériaux, il nous a dit qu’il voulait construire sa cantine en dur. Nous lui avons signifié qu’il n’avait pas le droit de construire quoi que ce soit à cet endroit, parce que c’est un espace qui lui a été prêté. Il a ramené les briques en ciment, mais a laissé le sable sur les lieux. C’est ce même sable que les policiers ont retrouvé, étalé sur le sol de sa cantine. En creusant, ils ont trouvé quelque chose, contenue dans un sachet qui était enfoui sous terre. Mais, nous ne savons pas exactement de quoi il s’agit. Les policiers de la Division des investigations criminelles (Dic) ont emporté la glacière et les bagages de Fama», raconte-t-on encore au marché Petersen. Les limiers sont venus sur les lieux, informe-t-on, deux jours avant de libérer le mari de la défunte, faute de preuves. Ce dernier était considéré, au début, comme le premier suspect dans cette affaire.
Après le départ des policiers, personne n’a osé ouvrir les portes de la cantine incriminée. Dans les chuchotis, on parle de meurtre rituel. Un sacrifice humain. Suite à la demande de qui ? Personne ne sait. Pourquoi une telle conclusion ? On murmure que c’est parce que «des parties du corps auraient disparu, notamment, les deux seins et le cœur de la jeune femme qui n’ont pas été retrouvés. Et les parties du corps qui avaient été découvertes sur la plage étaient disposées en 7 parts». Où sont passées ces parties qui n’ont pas été retrouvées ? Selon les informations recueillies par nos soins, cette méthode de procéder dénote d’un crime sacrificiel. Et les langues de se délier pour soutenir que Kandé était en contact avec des personnalités créchant aux Almadies où il faisait la manche. Kandé serait-il à la solde de ces gens ? Personne ne pourra le dire, à part lui, l’auteur supposé du crime. Celui-là même qui a pris la poudre d’escampette et qui aurait disparu le lendemain même de la découverte du corps. D’ailleurs, concernant sa disparition rapide, on spécule. «Il serait mort» pour certains, alors que pour d’autres, «la Police l’a arrêté, mais gardé le secret». Ou est donc passé Kandé ?
UNE CANTINE QUI ABRITERAIT 2 CONGELATEURS ET UNE GLACIERE
Pourtant, cet homme n’en serait pas à son premier meurtre. On raconte qu’un jour, une femme l’a trouvé sur les lieux «et nous a demandé si on le connaissait vraiment pour lui offrir l’hospitalité. Nous avons répondu que non. Et là, elle nous a dit que Kandé avait tué un homme à Mbour et c’est pour cette raison qu’il s’était enfui. Mais, comme cela ne nous regardait pas, on s’est dit que cela ne nous concernait pas. S’il s’avérait qu’il avait commis ce meurtre, nous pensons que la Police l’aurait arrêté depuis longtemps».
Aujourd’hui, la cantine de Kandé reste fermée. Ceux qui ont l’habitude de le fréquenter expliquent qu’à l’intérieur il y a bien deux congélateurs qui auraient servi à garder les morceaux du corps de Fama Niane et une glacière. «Kandé avait séparé l’endroit en deux par un rideau. Une partie pour recevoir ses invités et l’autre partie faisait office de chambre à coucher.»
Pourtant, la relation entre Fama Niane et Kandé ne semblait pas aussi simple que ça. «Il leur arrivait de se disputer. Et une fois, la jeune femme a porté plainte contre son concubin à la Police de Rebeuss parce qu’il lui devait la somme de 20 000 francs. Kandé avait été contraint de rembourser. Il avait payé la moitié et, par la suite, la jeune femme qui était retournée chez elle, est revenue se réconcilier avec lui. C’était durant la période de la Tabaski. C’est même Kandé qui lui a offert un mouton, pour célébrer la fête.»
PSYCHOSE A PETERSEN
Dans ces lieux inhospitaliers, qui n’offrent pratiquement aucune perspective aux chasseurs de dépense quotidienne, des hommes tentent tant bien que mal de relever la tête. Cet endroit montre le visage hideux de la capitale. Entre les mécaniciens et les vendeurs de friperie, au marché de Petersen, le soir venu, on se doute facilement du nombre de délits qui peuvent y être commis, loin des yeux. En pleine journée, on ne se sent pas en sécurité non plus. Aujourd’hui, après le meurtre, les habitués des lieux se sentent «surveillés. Car, chaque jour, nous découvrons de nouvelles personnes qui rodent, sans parler à quiconque».
Au moment de quitter les lieux, deux marchands de friperie s’affrontent, l’un, un marteau à la main, veut coûte que coûte asséner des coups à son adversaire qui, les mains vides, essaie de se défendre tant bien que mal. L’homme au marteau est retenu par d’autres. Dans ces mêmes lieux, un homme qui habite sur la même rangée de cantines que Kandé, lui aussi, défini comme un «féticheur», crée la psychose. Il élève une centaine de chats dans ces lieux. Personne ne sait à quel usage sont destinées ces bêtes.
Source: le Quotidien
Ça bruit à Petersen. Dans l’ancien marché qui a été rasé, et qui est devenu un immense terrain où on retrouve des cantines en bois, le bouche à oreille a fini de faire du meurtre de Fama Niane, un bruit sourd qui court à travers les étals.
Nous sommes derrière le garage du même nom. Dans ce lieu dépravé, délavé, au sol couvert de sable et parsemé de pierres, on parle, en chuchotant, du meurtre de cette jeune dame. Ici, tout le monde l’a connue «ainsi que son amant». En effet, la jeune femme, bien que mariée, «vivait en concubinage avec un homme du nom de Kandé», selon les confidences recueillies sur place. Un ressortissant du Fouladou. Ayant la taille d’un lutteur comme Gris Bordeaux, de teint clair, cet homme vivait dans ce marché de Petersen depuis deux ans déjà. Il avait été accueilli par les marchands qui ont toujours occupé les lieux et qui, par compassion, lui avait offert un endroit pour construire sa cantine qui lui servait plus de logis que de lieu de vente. A l’opposé de son concubin, Fama Niane, mesurait 1,60 m et était plutôt mince.
UN CONCUBIN «FETICHEUR» ET «AGRESSIF»
C’est tout au fond de ce marché, sur une rangée où se dressent les abris de plusieurs vendeurs de charbon, qui écoulent en gros, qu’une autre cantine en zinc rouillé se distingue. Sur la façade, il est écrit en arabe avec des lettres de couleur rouge Allahou Akbar (Dieu est Grand !). C’est à l’intérieur qu’aurait été tuée et découpée la jeune femme Fama Niane, âgée de 30 ans. Son meurtrier et concubin, qui serait âgé entre 40 et 45 ans, est défini comme un homme «agressif», mais surtout un «féticheur». Et, la plupart de ses voisins ne connaisse que son nom de famille. On ne lui connaît «ni femme ni enfant, mais seulement sa concubine Fama». Et, selon les informateurs qui, malgré l’injonction de la Police de ne pas communiquer sur cette affaire, «Fama passait, depuis six mois, ses nuits avec cet homme (certains parlent d’une période moins longue que celle-là). Elle venait le soir et, tous les matins, aux environs de onze heures, elle sortait de la cantine pour aller prendre son petit-déjeuner chez le vendeur de tangana». Il en était ainsi tous les jours. La dernière fois qu’elle a été aperçue sur les lieux remonte à la veille de la découverte de son corps sur la plage de Koussoum : le jeudi 13 mars 2009.
UNE «PITANCE» AVOISINANT PARFOIS 50 000 FRANCS PAR JOUR
Alors qu’elle se réveillait tard dans la matinée, son concubin, lui, partait très tôt, indique-t-on, demander l’aumône dans les quartiers huppés de la ville. Et à son retour, «il ramenait souvent, de l’huile, des sacs de riz et une somme qui avoisinait souvent les 50 000 francs». Devant la curiosité de ses voisins qui lui demandaient souvent d’où il pouvait tenir autant d’argent, il répondait : «Ce sont mes amis, les patrons des quartiers huppés de Dakar, qui me le donnent.» Il s’en arrêtait-là. Et la vie continuait ainsi.
Fama qui faisait croire à sa famille qu’elle travaillait, n’avait pas d’emploi, soutient-on à Pétersen. «Elle ne faisait rien, elle n’avait aucune activité. Mais, elle disait à son mari qu’elle travaillait les jours de semaine et, le week-end, elle le passait chez son mari, à Rufisque. Celui-ci ne se doutait de rien», apparemment. La famille de la défunte était-elle complice de ses agissements ?
«les SEINS ET LE CŒUR DE LA JEUNE FEMME N’ONT PAS ETE RETROUVES»
Selon nos interlocuteurs, Kandé aurait, la veille du gamou de Tivaouane à deux jours plus exactement, «acheté du sable fin et des briques en ciment. Interpellé sur l’usage de ces matériaux, il nous a dit qu’il voulait construire sa cantine en dur. Nous lui avons signifié qu’il n’avait pas le droit de construire quoi que ce soit à cet endroit, parce que c’est un espace qui lui a été prêté. Il a ramené les briques en ciment, mais a laissé le sable sur les lieux. C’est ce même sable que les policiers ont retrouvé, étalé sur le sol de sa cantine. En creusant, ils ont trouvé quelque chose, contenue dans un sachet qui était enfoui sous terre. Mais, nous ne savons pas exactement de quoi il s’agit. Les policiers de la Division des investigations criminelles (Dic) ont emporté la glacière et les bagages de Fama», raconte-t-on encore au marché Petersen. Les limiers sont venus sur les lieux, informe-t-on, deux jours avant de libérer le mari de la défunte, faute de preuves. Ce dernier était considéré, au début, comme le premier suspect dans cette affaire.
Après le départ des policiers, personne n’a osé ouvrir les portes de la cantine incriminée. Dans les chuchotis, on parle de meurtre rituel. Un sacrifice humain. Suite à la demande de qui ? Personne ne sait. Pourquoi une telle conclusion ? On murmure que c’est parce que «des parties du corps auraient disparu, notamment, les deux seins et le cœur de la jeune femme qui n’ont pas été retrouvés. Et les parties du corps qui avaient été découvertes sur la plage étaient disposées en 7 parts». Où sont passées ces parties qui n’ont pas été retrouvées ? Selon les informations recueillies par nos soins, cette méthode de procéder dénote d’un crime sacrificiel. Et les langues de se délier pour soutenir que Kandé était en contact avec des personnalités créchant aux Almadies où il faisait la manche. Kandé serait-il à la solde de ces gens ? Personne ne pourra le dire, à part lui, l’auteur supposé du crime. Celui-là même qui a pris la poudre d’escampette et qui aurait disparu le lendemain même de la découverte du corps. D’ailleurs, concernant sa disparition rapide, on spécule. «Il serait mort» pour certains, alors que pour d’autres, «la Police l’a arrêté, mais gardé le secret». Ou est donc passé Kandé ?
UNE CANTINE QUI ABRITERAIT 2 CONGELATEURS ET UNE GLACIERE
Pourtant, cet homme n’en serait pas à son premier meurtre. On raconte qu’un jour, une femme l’a trouvé sur les lieux «et nous a demandé si on le connaissait vraiment pour lui offrir l’hospitalité. Nous avons répondu que non. Et là, elle nous a dit que Kandé avait tué un homme à Mbour et c’est pour cette raison qu’il s’était enfui. Mais, comme cela ne nous regardait pas, on s’est dit que cela ne nous concernait pas. S’il s’avérait qu’il avait commis ce meurtre, nous pensons que la Police l’aurait arrêté depuis longtemps».
Aujourd’hui, la cantine de Kandé reste fermée. Ceux qui ont l’habitude de le fréquenter expliquent qu’à l’intérieur il y a bien deux congélateurs qui auraient servi à garder les morceaux du corps de Fama Niane et une glacière. «Kandé avait séparé l’endroit en deux par un rideau. Une partie pour recevoir ses invités et l’autre partie faisait office de chambre à coucher.»
Pourtant, la relation entre Fama Niane et Kandé ne semblait pas aussi simple que ça. «Il leur arrivait de se disputer. Et une fois, la jeune femme a porté plainte contre son concubin à la Police de Rebeuss parce qu’il lui devait la somme de 20 000 francs. Kandé avait été contraint de rembourser. Il avait payé la moitié et, par la suite, la jeune femme qui était retournée chez elle, est revenue se réconcilier avec lui. C’était durant la période de la Tabaski. C’est même Kandé qui lui a offert un mouton, pour célébrer la fête.»
PSYCHOSE A PETERSEN
Dans ces lieux inhospitaliers, qui n’offrent pratiquement aucune perspective aux chasseurs de dépense quotidienne, des hommes tentent tant bien que mal de relever la tête. Cet endroit montre le visage hideux de la capitale. Entre les mécaniciens et les vendeurs de friperie, au marché de Petersen, le soir venu, on se doute facilement du nombre de délits qui peuvent y être commis, loin des yeux. En pleine journée, on ne se sent pas en sécurité non plus. Aujourd’hui, après le meurtre, les habitués des lieux se sentent «surveillés. Car, chaque jour, nous découvrons de nouvelles personnes qui rodent, sans parler à quiconque».
Au moment de quitter les lieux, deux marchands de friperie s’affrontent, l’un, un marteau à la main, veut coûte que coûte asséner des coups à son adversaire qui, les mains vides, essaie de se défendre tant bien que mal. L’homme au marteau est retenu par d’autres. Dans ces mêmes lieux, un homme qui habite sur la même rangée de cantines que Kandé, lui aussi, défini comme un «féticheur», crée la psychose. Il élève une centaine de chats dans ces lieux. Personne ne sait à quel usage sont destinées ces bêtes.
Source: le Quotidien