
Il est juste de rappeler ces phases pour respecter les exigences de l’histoire et, aussi, pour l’information des générations à venir sur des données à prendre en considération dans le but de protéger la nécessaire continuité des phénomènes et évènements qui ont marqué la vie du peuple sénégalais, ses espérances, ses prières et ses efforts, durant les cinquante dernières années du millénaire.
Les premiers indices ont été identifiés à Dendory, dans la zone de Matam, et remontent à plus d’un demi-siècle. C’est en 1958 – 59 que des chercheurs-géologues ont situé dans cette zone des indices sérieux et constants de l’existence du minerai de phosphate. Les travaux de laboratoire ont alors commencé et se sont poursuivis, avec intensité, entre 1984 et 1988.
En effet, c’est en 1984, au moment où la Société des Phosphates de Taïba devait être fusionnée avec les I.C.S. (Industries Chimiques du Sénégal), qui voyait alors le jour, que la confirmation des paramètres techniques du gisement est survenue. En 1988, une étude approfondie a permis non seulement d’évaluer les caractères scientifiques permettant les projections d’exploitation mais aussi de programmer cette exploitation en fonction de l’évolution des prix et des coûts d’extraction et de traitement par rapport au marché international fluctuant des phosphates, comme l’est le marché des prix des produits des principales matières premières dans le monde.
Il n’est pas nécessaire d’insister sur des détails techniques qui se trouvent amplement exposés dans le document intitulé « Etude d’optimisation de l’industrie des phosphates au Sénégal », volume 2 – Rapport final – Juillet 1988. Cette étude a été commandée à la Société S.M. SEMA – METRA CONSEIL dont le siège social se trouve au 70, Rue Cortambert – 75 116 Paris.
Cette étude d’optimisation comporte deux volumes. Le premier est composé de deux parties : une Synthèse et un Plan Directeur. Le volume 2 porte sur l’inventaire de l’existant, les ressources minières, les marchés potentiels des phosphates et dérivés et, enfin, la configuration et l’analyse des projets.
L’inventaire de l’existant concerne les zones de minerais de phosphates administrés par la Compagnie des Phosphates de Taïba (Page 2), la Société Sénégalaise des Phosphates de Thiès (Page 10) et les Industries Chimiques du Sénégal (Page 18). Sur la deuxième partie, consacrée aux ressources minières, le gisement de Matam est analysé à partir de la page 43 jusqu’à la page 52, dans toutes ses composantes.
Dans « l’étude d’optimisation des phosphates du Sénégal », dans sa partie concernant le gisement de Dendory, le Cabinet SEMA-METRA CONSEIL analyse et passe en revue, notamment :
la localisation du gisement, avec cartes et plans à l’appui ;
la géométrie et l’extension des gisements ainsi que les réserves géologiques minières ;
la nature et la composition du tout venant- phosphates ;
la composition minéralogique et la solubilité des phosphates ;
le taux de couverture et les critères miniers ;
l’aptitude des phosphates de Dendory à la valorisation industrielle.
Toutes ces données se trouvent et sont vérifiables dans la version finale du document de l’étude, en date de juillet 1988.
Il y a lieu de préciser, encore une fois, que les indices sur l’existence du minerai remontent à plus d’un demi-siècle. Le B.R.G.M. et la CINAM – SERESA (cette Société d’études avait été chargée d’élaborer le Premier Plan de Développement Economique et Social du Sénégal, sous la direction du Père Lebret) avaient déjà travaillé sur ce dossier, avant et pendant les premières années de l’indépendance du Sénégal. Ainsi, en 1984, au démarrage des I.C.S., ce stade d’indice était dépassé depuis longtemps. Les Techniciens et décideurs, acteurs et témoins de cette époque, dont plusieurs sont encore en vie, savent que l’existence d’un gisement de phosphates à Matam était prouvée. Les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Département de Sciences Naturelles, au début des années 80, ont étudié ce gisement de Matam, dans leur cours de Géologie.
Concernant le prix de revient des phosphates de Matam, dans la même Etude de 1988, il est indiqué que le B.R.G.M. (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) avait, avec soin, entrepris un travail sur la préfaisabilité du projet, basée sur l’extraction compaction et l’ensachage de 20.000 tonnes par an de phosphates de Matam (non mélangés) sur les lieux d’extraction.
Analysée à la lumière des données actuelles rapportées aux techniques modernes d’extraction, de transport et de traitement du minerai, la vérité est qu’il existe, dans les conditions présentes d’exploitation de la mine, un grave risque de massacrer, présentement, ce gisement, comme le disent les Experts en matière d’extraction de ressources minières, si certaines précautions ne sont pas prises en ce qui concerne le respect des normes.
Pourquoi y a-t-il ce risque ?
Si le gisement de phosphates de Matam n’a pas été exploité jusqu’à maintenant c’est parce que les études avaient démontré que le prix de revient du minerai non traité – rendu usine I.C.S. pour mise en œuvre – était du même ordre que celui du produit fini I.C.S. Les Techniciens comprendront ce que signifie cette donnée. Il fallait attendre que les conditions du marché soient favorables et que les normes techniques puissent être réservées, parce que la vraie mine se trouve en profondeur.
En effet, le gisement de Matam peut produire, chaque année, un million de tonnes. Cette donnée est établie et prouvée scientifiquement. En extraire, présentement, 20.000 tonnes par an soit 1/50ème des quantités qui peuvent être extraites et traitées, signifie qu’un tel choix manque de réalisme et traduit une précipitation grave. Et il en résulte un manque à produire, pour au moins 980.000 tonnes de phosphates perdues chaque année du fait du mode d’exploitation utilisé et qui est simplement artisanal.
Pourquoi ? La réponse est que les 20.000 tonnes annoncées comme volume d’extraction annuelle sur le gisement ne corresponde qu’à extraire la partie la plus accessible, située à presque fleur de terre, alors qu’en profondeur le vrai gisement permettrait, sans ce qui apparaît comme une précipitation injustifiable, d’extraire, encore une fois, un million de tonnes chaque année. Plus grave, lorsque les schlams auront recouvert, maintenant, les parties touchées, aucun investisseur ne s’intéressera plus au reste du gisement en raison des coûts qu’il faudra engager pour dégager ces schlams en vue d’aller au minerai. A titre de référence, le minerai de phosphates de Taïba et Mboro se trouve en moyenne à moins 45 mètres.
Si les parties du gisement laissées ainsi dans l’incertitude sont rendues non attractives pour de futurs investisseurs, plus tard, après les effets d’annonce et ce qui s’appelle un simple carottage industriel et superficiel demeure dans cette situation, cela s’appelle massacrer un gisement, dans le langage des Experts et des professionnels.
Toute richesse qui existe au Sénégal doit être une source de gratitude vis-à-vis de Dieu et doit servir à la promotion du bien-être des populations et au développement du pays.
Cependant, la sagesse recommande la plus grande prudence permettant d’éviter toute précipitation, sans consulter ni écouter les Techniciens et Experts sénégalais ou étrangers.
Sous ce regard, il reste évident que le peuple sénégalais, en commençant par les populations du Fouta elles-mêmes, ont le droit de recevoir, légitimement, le juste fruit de ce don du ciel. Mais il y a lieu d’agir avec discernement et un sens élevé des responsabilités.
Les matières premières et les richesses naturelles du Sénégal font partie du patrimoine national, pour maintenant et pour le futur. En les exploitant, il incombe à tous l’obligation de penser aux générations de demain.
Il faut se féliciter de l’existence de cette ressource naturelle et de son exploitation judicieuse en faveur du développement de notre pays.
C’est pourquoi les données vraies qui figurent dans ce document visent, dans cet esprit, à aller vers une planification rigoureuse des étapes successives d’exploitation de ce gisement, en tenant compte des paramètres incontournables des marchés internationaux, d’une part, et, d’autre part, de la nécessité de gérer cette richesse avec intelligence, savoir-faire et rationalité.
Dakar, le 21 janvier 2010
Source L'Observateur
Les premiers indices ont été identifiés à Dendory, dans la zone de Matam, et remontent à plus d’un demi-siècle. C’est en 1958 – 59 que des chercheurs-géologues ont situé dans cette zone des indices sérieux et constants de l’existence du minerai de phosphate. Les travaux de laboratoire ont alors commencé et se sont poursuivis, avec intensité, entre 1984 et 1988.
En effet, c’est en 1984, au moment où la Société des Phosphates de Taïba devait être fusionnée avec les I.C.S. (Industries Chimiques du Sénégal), qui voyait alors le jour, que la confirmation des paramètres techniques du gisement est survenue. En 1988, une étude approfondie a permis non seulement d’évaluer les caractères scientifiques permettant les projections d’exploitation mais aussi de programmer cette exploitation en fonction de l’évolution des prix et des coûts d’extraction et de traitement par rapport au marché international fluctuant des phosphates, comme l’est le marché des prix des produits des principales matières premières dans le monde.
Il n’est pas nécessaire d’insister sur des détails techniques qui se trouvent amplement exposés dans le document intitulé « Etude d’optimisation de l’industrie des phosphates au Sénégal », volume 2 – Rapport final – Juillet 1988. Cette étude a été commandée à la Société S.M. SEMA – METRA CONSEIL dont le siège social se trouve au 70, Rue Cortambert – 75 116 Paris.
Cette étude d’optimisation comporte deux volumes. Le premier est composé de deux parties : une Synthèse et un Plan Directeur. Le volume 2 porte sur l’inventaire de l’existant, les ressources minières, les marchés potentiels des phosphates et dérivés et, enfin, la configuration et l’analyse des projets.
L’inventaire de l’existant concerne les zones de minerais de phosphates administrés par la Compagnie des Phosphates de Taïba (Page 2), la Société Sénégalaise des Phosphates de Thiès (Page 10) et les Industries Chimiques du Sénégal (Page 18). Sur la deuxième partie, consacrée aux ressources minières, le gisement de Matam est analysé à partir de la page 43 jusqu’à la page 52, dans toutes ses composantes.
Dans « l’étude d’optimisation des phosphates du Sénégal », dans sa partie concernant le gisement de Dendory, le Cabinet SEMA-METRA CONSEIL analyse et passe en revue, notamment :
la localisation du gisement, avec cartes et plans à l’appui ;
la géométrie et l’extension des gisements ainsi que les réserves géologiques minières ;
la nature et la composition du tout venant- phosphates ;
la composition minéralogique et la solubilité des phosphates ;
le taux de couverture et les critères miniers ;
l’aptitude des phosphates de Dendory à la valorisation industrielle.
Toutes ces données se trouvent et sont vérifiables dans la version finale du document de l’étude, en date de juillet 1988.
Il y a lieu de préciser, encore une fois, que les indices sur l’existence du minerai remontent à plus d’un demi-siècle. Le B.R.G.M. et la CINAM – SERESA (cette Société d’études avait été chargée d’élaborer le Premier Plan de Développement Economique et Social du Sénégal, sous la direction du Père Lebret) avaient déjà travaillé sur ce dossier, avant et pendant les premières années de l’indépendance du Sénégal. Ainsi, en 1984, au démarrage des I.C.S., ce stade d’indice était dépassé depuis longtemps. Les Techniciens et décideurs, acteurs et témoins de cette époque, dont plusieurs sont encore en vie, savent que l’existence d’un gisement de phosphates à Matam était prouvée. Les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Département de Sciences Naturelles, au début des années 80, ont étudié ce gisement de Matam, dans leur cours de Géologie.
Concernant le prix de revient des phosphates de Matam, dans la même Etude de 1988, il est indiqué que le B.R.G.M. (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) avait, avec soin, entrepris un travail sur la préfaisabilité du projet, basée sur l’extraction compaction et l’ensachage de 20.000 tonnes par an de phosphates de Matam (non mélangés) sur les lieux d’extraction.
Analysée à la lumière des données actuelles rapportées aux techniques modernes d’extraction, de transport et de traitement du minerai, la vérité est qu’il existe, dans les conditions présentes d’exploitation de la mine, un grave risque de massacrer, présentement, ce gisement, comme le disent les Experts en matière d’extraction de ressources minières, si certaines précautions ne sont pas prises en ce qui concerne le respect des normes.
Pourquoi y a-t-il ce risque ?
Si le gisement de phosphates de Matam n’a pas été exploité jusqu’à maintenant c’est parce que les études avaient démontré que le prix de revient du minerai non traité – rendu usine I.C.S. pour mise en œuvre – était du même ordre que celui du produit fini I.C.S. Les Techniciens comprendront ce que signifie cette donnée. Il fallait attendre que les conditions du marché soient favorables et que les normes techniques puissent être réservées, parce que la vraie mine se trouve en profondeur.
En effet, le gisement de Matam peut produire, chaque année, un million de tonnes. Cette donnée est établie et prouvée scientifiquement. En extraire, présentement, 20.000 tonnes par an soit 1/50ème des quantités qui peuvent être extraites et traitées, signifie qu’un tel choix manque de réalisme et traduit une précipitation grave. Et il en résulte un manque à produire, pour au moins 980.000 tonnes de phosphates perdues chaque année du fait du mode d’exploitation utilisé et qui est simplement artisanal.
Pourquoi ? La réponse est que les 20.000 tonnes annoncées comme volume d’extraction annuelle sur le gisement ne corresponde qu’à extraire la partie la plus accessible, située à presque fleur de terre, alors qu’en profondeur le vrai gisement permettrait, sans ce qui apparaît comme une précipitation injustifiable, d’extraire, encore une fois, un million de tonnes chaque année. Plus grave, lorsque les schlams auront recouvert, maintenant, les parties touchées, aucun investisseur ne s’intéressera plus au reste du gisement en raison des coûts qu’il faudra engager pour dégager ces schlams en vue d’aller au minerai. A titre de référence, le minerai de phosphates de Taïba et Mboro se trouve en moyenne à moins 45 mètres.
Si les parties du gisement laissées ainsi dans l’incertitude sont rendues non attractives pour de futurs investisseurs, plus tard, après les effets d’annonce et ce qui s’appelle un simple carottage industriel et superficiel demeure dans cette situation, cela s’appelle massacrer un gisement, dans le langage des Experts et des professionnels.
Toute richesse qui existe au Sénégal doit être une source de gratitude vis-à-vis de Dieu et doit servir à la promotion du bien-être des populations et au développement du pays.
Cependant, la sagesse recommande la plus grande prudence permettant d’éviter toute précipitation, sans consulter ni écouter les Techniciens et Experts sénégalais ou étrangers.
Sous ce regard, il reste évident que le peuple sénégalais, en commençant par les populations du Fouta elles-mêmes, ont le droit de recevoir, légitimement, le juste fruit de ce don du ciel. Mais il y a lieu d’agir avec discernement et un sens élevé des responsabilités.
Les matières premières et les richesses naturelles du Sénégal font partie du patrimoine national, pour maintenant et pour le futur. En les exploitant, il incombe à tous l’obligation de penser aux générations de demain.
Il faut se féliciter de l’existence de cette ressource naturelle et de son exploitation judicieuse en faveur du développement de notre pays.
C’est pourquoi les données vraies qui figurent dans ce document visent, dans cet esprit, à aller vers une planification rigoureuse des étapes successives d’exploitation de ce gisement, en tenant compte des paramètres incontournables des marchés internationaux, d’une part, et, d’autre part, de la nécessité de gérer cette richesse avec intelligence, savoir-faire et rationalité.
Dakar, le 21 janvier 2010
Source L'Observateur