
II aurait été souhaitable que la plus haute institution du Sénégal, à l'instar de la France, du Cap-Vert, du Bénin, de la Grande Bretagne ou de l'Allemagne, fut dirigée par un chef reconnu par l'ensemble de la Nation et sur lequel ne pèserait aucun soupçon de fraude électorale! Cette légitimité incontestable nous aurait évité la situation de blocage dans laquelle nous nous trouvons : un pays déchiré entre deux conceptions de la République, partitionné entre partisans et adversaires du fait électoral issu de la présidentielle. Apparemment, le vin est tiré et en l'absence d'un dialogue national, il nous faut le boire. Cependant, cette querelle politique n'est pas la seule épine dans le pied du chef de l'Etat. II lui faut faire avec mille maux qui assaillent le quotidien des Sénégalais déjà fort empoisonné par une hausse vertigineuse des prix, associée à des poches trouées ou vides. Le malaise est réel dans la société qui s'appauvrit pendant que le train de vie de l' Etat ne cesse de croître. Les Sénégalais se serrent toujours davantage la ceinture sans rien voir venir. Ils se sacrifient quotidiennement, en attendant les fruits de la croissance promis par le régime de Me Wade. Mais à l'horizon rien, sinon la ligne bleue des Canaries. Et la misère. Et les délestages. Ils ont beau scruter le ciel, ils ne voient que les joues bien rebondies des riches ministres, conseillers, députés, sénateurs et gens importants qui vivent sur leur dos. Alors, pour faire passer la pilule de plus en plus amère, la diversion est de mise. Une vieille recette politique qui marche toujours sur les foules sentimentales (merci Alain Souchon). Le chef de l'Etat relance ses vieilles lunes de grand parti présidentiel, de reconstitution de sa famille politique éparpillée et de retour au bercail des brebis égarées de sa coalition politique. Au passage, il en profite pour réduire la fracture sentimentale de son couple passionnel avec Idrissa Seck, la moitié sans laquelle il court à sa perte proche. Pas mal joué pour une partie de poker, mais cela ne signe pas la fin des haricots pour le peuple sénégalais ni pour les intérêts de la République. En quoi le fait de déplacer les pions sur l'échiquier politique vat-il apporter des solutions aux urgences du pays ? En quoi l'adresse phénoménale de Me Wade dans les combinaisons politiques va-t-elle signer la fin des souffrances du peuple, effacer la pauvreté, le chômage, la précarité, la mal gouvernance, les tâtonnements du gouvernement ? Depuis sept ans que cela dure, si la méthode Wade marchait dans le panier de la ménagère, cela se saurait. A défaut de mettre le Sénégal sur la voie de la croissance et de la bonne gouvernance, les remaniements successifs ont surtout la fâcheuse manie de mettre à nu la carence des ministres proposés à la nomination de Wade selon des procédés bien nébuleux. La dernière fournée des Karimet(te)s et des Baldet(te)s est l'une des plus faibles en matière de compétence, de qualification, de valeur et de capacité. De manque de transparence dans les enquêtes policières, de moralité aussi, bâclées selon des fuites parues dans la presse. Mais, pour ce qui est du serment d'allégeance au président de la République, ils ont montré une aptitude parfaite. Résultat, pour sauver les apparences et remettre de l'ordre républicain, le monde s'arrêtera encore de tourner, dans la marche du Sénégal, lorsque Me Wade sera obligé de revoir sa copie. Les problèmes du Sénégal attendront, notre retard s'aggravera et résonnera encore à nos oreilles la leçon d'histoire, de démocratie et de bonne gouvernance administrée par un Nicolas Sarkozy vraiment mal placé pour cette mission. Nous sommes mal barrés.
D.M.F
Le Bloc notes de DMF
Auteur: Dié Maty FALL - dmf@weekend.sn
© Week-End Magazine
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