
?On les nommait donc «free stone masons» ou «freemasons» c’est-à-dire francs-maçons.
Pourtant, l’émergence de la franc-maçonnerie n’est pas un phénomène nouveau au Sénégal où la première loge maçonnique y a été créée par le Grand Orient de France en 1781 à Saint-Louis. Le premier noir à siéger au Conseil du Grand Orient de France est un Sénégalais du nom de Blaise Diagne. En sa mémoire, une loge portant son nom a été fondée à Dakar en 1977. D’ailleurs, c’est lors de la célébration du trentième anniversaire de cette loge, en 2007, qu’un coin du voile a été levé sur l’essor de la franc-maçonnerie au Sénégal. Le phénomène est en pleine expansion, si l’on en croit les chiffres communiqués par le Grand maître du Grand Orient de France, Jean-Michel Quillardet. Il se réjouissait du dynamisme de la franc-maçonnerie au Sénégal, avec ses près de 200 personnes». Et d’ajouter que la plupart des membres sont des jeunes.
Sociétés secrètes ou discrètes ?
Le développement de la franc-maçonnerie au Sénégal est aussi perceptible à travers les activités intenses de nombres d’associations présentées comme étant des loges maçonniques. D’ailleurs, la majorité des actions sociales envers les populations sont l’œuvre de ces mouvements. Ceux-ci se défendent toujours d’être des sectes qui imposent des dogmes à leurs membres, ou d’être des sociétés secrètes. Ils préfèrent plutôt être assimilés à «des sociétés discrètes qui se consacrent à la recherche de la vérité, à l’amélioration de l’homme et de la société». Cette précision des loges maçonniques jure d’avec l’obligation à l’initiation et à la maîtrise des signes et l’acceptation du rituel qui accompagnent son adhésion. En effet, lors de l’initiation, le profane devient un initié. Dans certaines loges, le profane est reçu avec un bandeau sur les yeux et subit les épreuves de la terre, de l’eau, du vent et du feu. Il meurt alors symboliquement pour renaître franc-maçon et devient apprenti. La durée de l’initiation varie d’une loge à une autre. Les loges ou ateliers sont les groupements de base de la franc-maçonnerie, seuls aptes à initier de nouveaux membres. Une loge est dirigée par un chef, appelé le Vénérable Maître.
Le Sénégal est crédité être un pays qui regorge de grands maîtres dont la plupart sont issus des milieux politique et économique. Même si des noms ont été souvent avancés, il reste que la majorité des concernés n’ont jamais publiquement assumé ou démenti leur appartenance à une loge maçonnique. Le poids de la société et de la religion pèse lourdement sur les préjugés négatifs que l’on se fait de ce phénomène. D’ailleurs, le cas de Blaise Diagne suffit comme exemple. Car, à sa mort, les Musulmans avaient refusé qu’un franc-maçon qu’il était, puisse reposer à l'intérieur du cimetière de Soumbédioune, à Dakar. Finalement, il est enterré avant l'entrée du cimetière musulman.
Imam Mbaye Niang annonce une réplique à la sortie de Wade
L’aveu de Wade sur son passé maçonnique a suscité une vive réaction de la part de Imam Mbaye Niang. Interrogé par nos confrères de la Rfm, il annonce une riposte à la sortie du président de la République.
«Il y a des autorités islamiques et religieuses qui se réunissent pour étudier la réplique à apporter à ces déclarations de Me Wade. Car, tant que c’étaient des déclarations venant de tierces personnes, cela pouvait ne pas susciter de réactions. Quand la dame du nom de Marie Mbengue avait dit que Me Wade est un franc-maçon et qu’elle détenait des preuves, vous aviez constaté que la réaction des Sénégalais était molle. Personne n’avait réagi parce qu’elle ne détenait pas de preuves.
Mais, si le Président le dit, cela aura forcément des conséquences. Nos ancêtres avaient une attitude très ferme vis-à-vis de la franc-maçonnerie. Il y a une autorité politique sénégalaise qui a été enterrée hors des cimetières parce qu’il était franc-maçon, car quelqu’un qui meurt dans la franc-maçonnerie ne doit pas bénéficier de cérémonie religieuse et ne doit pas être enterré dans un cimetière musulman.»
Le jugement de l’ignorance
Peut-on dénombrer les Sénégalais qui ont fait leur propre religion sur la franc-maçonnerie sans avoir une maîtrise parfaite de tous les aspects et paramètres de cette «philosophie» ? On serait tenté de répondre par la négative. Car, ce sentiment de rejet général que l’on nourrit à l’endroit des membres de cette communauté humaine s’explique par l’idée que la conscience populaire s’est forgée dans sa conception. L’on a fini de graver dans les mémoires et incruster dans les pensées qu’il faut profaner les Livres Saints, prier sur une peau de canidé, donner un de ses organes en sacrifice ou commettre un autre sacrilège pour être admis dans le monde des francs-maçons. Que de fausses idées et de fous préjugés ! En effet, le jugement unanime que l’on a fait de la franc-maçonnerie s’est appuyé sur un manque de maîtrise des éléments d’appréciation et sur une méconnaissance des membres et de leurs motivations.
Pourtant, ils sont nombreux, les francs-maçons, à vivre parmi nous. Ils sont du milieu politique ou en quête du pouvoir. Ils excellent dans les domaines économiques, sociaux, culturels entre autres. Des marabouts y sont ainsi que des hommes de l’église. Chacun d’entre eux est entré dans ce cercle restreint sur la base d’une forte conviction. Or, ce choix mérite au moins un respect. Au nom de la liberté. Et pourtant, leur appartenance à ces groupes rejetés sans raison apparente, peut ne pas altérer leur foi ou influer négativement sur les relations qu’ils entretiennent avec leurs prochains.
L’on peut bien douter de la pratique religieuse des membres de la Communauté franc-maçonnique, mais ces derniers s’illustrent toujours de belle manière dans le respect de certaines recommandations des religions révélées. Qu’il s’agisse du respect pour son prochain, de la solidarité agissante entre hommes ou du respect de certaines valeurs, les composants des mouvements liés à la franc-maçonnerie n’en sont pas moins investis que d’autres. En effet, l’équipement des hôpitaux, l’assistance aux populations défavorisées, la construction d’infrastructures de base, le suivi des enfants à l’école sont autant de créneaux investis par cette communauté au prix de leurs propres charges. Au même moment, des hommes et des femmes, toujours prompts à extérioriser leur foi et leur ancrage à une religion, ne se gênent point de laisser un proche crever alors que les moyens de lui venir en aide ne manquent pas. Loin de vouloir s’ériger en avocat de la franc-maçonnerie, il s’agit tout simplement de concéder aux autres la liberté de s’exprimer librement et d’aborder la vie comme ils le sentent. Dieu reconnaîtra les siens. Signes de la franc-maçonnerie : Une vie à l'équerre et au compas
La Franc-maçonnerie évoque dans l'imaginaire collectif une nébuleuse d'intrigants porteurs de lourds secrets historiques, bien souvent mêlés aux Templiers et autres comploteurs rosicruciens dans un vaste fourre-tout ésotérique. La confusion est d'autant plus facile que les francs-maçons forment une société ouverte à peu de membres, choisis avec soin, qu'ils s'entourent d'un cérémonial désuet, adoptent des signes de reconnaissance avec un vocabulaire bien spécial.
La vérité est éloignée de cette vision réductrice et romanesque. Bien que toute la symbolique qui préside à la réflexion de ses membres renvoie au passé -aux constructeurs du Moyen-Âge ou de l'Antiquité- cette institution est bien ancrée dans le présent. La finalité de la formation maçonnique est de progresser spirituellement, d'accomplir un parcours intérieur pour, à terme servir au mieux la société dite profane (sans lien avec la Franc-Maçonnerie) et faire en sorte de l'améliorer. La quête spirituelle de chaque intronisé se structure en grades successifs et toutes les réponses à ses questions ne doivent venir que de lui seul, d'où la part de mystère croissant qui nimbe les plus distingués.
La réalité de l'univers des francs-maçons va cependant bien au-delà de ces traits généraux, chaque obédience ayant de par le monde ses propres rites, un passé et une sphère d'influence que le néophyte aussi bien que l'initié cerneront mieux en piochant dans l'ensemble des ouvrages mentionnés.
Le compas est un outil actif qui s’ouvre au maximum à 180° où il n’agit plus, et à 45°, il devient aussi équerre. Le compas permet de décrire des cercles, c’est-à-dire des circonférences où peut agir la pensée. Ces cercles sont les différents modes de la pensée et de ses raisonnements. Ils symbolisent la pensée juste qui explore différentes possibilités clairement et précisément. Le compas qui sert à la mesure du cercle dévolu au maître est pour l’apprenti la sincérité et la confiance qu’il porte à ses compagnons et à son apprentissage. C’est aussi le respect des autres, de leur langage et de leur maîtrise. L'apprenti ignore l’usage du compas.
Source: L'observateur