
Le style, avec quelque chose du coq à l’âne, structure un discours où ‘l’ethnographe’ a souvent bousculé l’homme d’Etat. N’empêche, M. Sarkozy a su se faire comprendre dans sa posture du démiurge devant aider l’Africain à expurger, de lui-même, le vieil enfant, afin de faire enfin face à l’implacable histoire du monde en commençant par s’y insérer d’abord entièrement. Bien entendu, l’Empire du Ghana ou du Mali, le royaume d’Ethiopie ou le royaume zoulou ne saurait être pris en compte dans l’histoire universelle. Ils n’auraient été que des épiphénomènes insignifiants, comparés au Grand projet colonial de l’Europe civilisatrice. Même s’il ne l’a pas dit, ces Etats africains ne seraient rien non plus, comparés à la formidable vague européenne qui a déferlé sur le continent américain, pour en exterminer les habitants et y construire l’admirable civilisation que serait l’Amérique contemporaine. N’est-ce pas que les Indiens d’Amérique, adeptes de la civilisation du tippi et du calumet, n’auraient jamais su inventer le gratte-ciel. Alors pourquoi pleurnicher sur le sort de tels peuplades si l’humanité a pu disposer en contrepartie des bienfaits du modèle américain ?
Tant pis pour les esprits chagrins qui continuent à vouloir culpabiliser les faiseurs du monde.
S’il y a eu faute des Européens en Afrique, celle-ci aurait été grassement expiée avec les ports, les ponts, les routes, les hôpitaux réalisés sur le continent par les colons, qui n’étaient pas d’ailleurs tous des méchants. Même si ces ouvrages ont été réalisés avec les impôts et le travail prélevés sur les colonies, ils n’auraient jamais vu le jour sans la science européenne, fruit d’une angoisse séculaire totalement étrangère à la béate vision du monde qui serait celle de l’homme noir. Ces réalisations qui, bien entendu, n’auraient rien à voir avec une économie coloniale extravertie (l’Europe n’en a jamais eu besoin), devraient de ce fait être appréciées à leur juste valeur par les bénéficiaires.
Avec ces rappels, il ne s’agit nullement de ressasser morbidement un passé à des fins de culpabilisation. Mais c’est tout simplement pour poser la question de savoir, pourquoi ces considérations historico-philosophiques ont été importantes dans le premier grand discours que M. Sarkozy a adressé à l’Afrique ? En effet, dans la dernière partie de ce discours, il a eu à aborder quelques-unes des vraies questions qui scotchent actuellement le continent africain dans l’indigence économique. A savoir entre autres : l’attitude mentale peu imaginative et peu courageuse des dirigeants africains face à leurs responsabilités ; l’exaltation vaine d’un particularisme refuge et manipulateur, pouvant conduire hors de l’Histoire au nom d’une tradition le plus souvent mythique ; l’insuffisance de la volonté de construire une identité forte parce que synthétique à partir de l’histoire vécue mais non imaginée ; la faiblesse de la conviction que le retard économique n’est pas une fatalité comme par exemple le démontrent l’Inde et la Chine…
Avec un peu plus de réflexion, M. Sarkozy aurait pu comprendre que la situation actuelle de l’Afrique, plus qu’un problème de mentalité essentielle, est plutôt un problème de leadership imputable à ses seules élites et à leurs complices, que dans tous les pays africains, la lutte pour une démocratie libératrice des énergies et préalable au développement économique, est irréversible, que son impatience à lui, que sa fébrilité à lui, que son sentiment de culpabilité ou non à lui, que son désir de repentance ou non à lui, relève de sa propre histoire à lui, et que l’Afrique debout ne lui a rien demandé à ce propos, qu’eu égard à la réalité des faits cumulés, découlant nécessairement de tout contact des humains entre eux (l’Histoire n’est pas autre chose), les Africains sont et ont toujours été entièrement dans l’Histoire. Car, après avoir été en contact entre eux, fondant en conséquence des royaumes et des empires, ils ont rencontré l’Europe plus puissante qui les a colonisés. Après la période coloniale, des luttes pour l’indépendance ont abouti aux 53 Etat-nations actuels sur le continent. Aujourd’hui, une unité de l’Afrique préoccupe tous les Africains qui ont à cœur de travailler à sa réalisation.
Si tout cela ne signifiait pas être entièrement dans l’Histoire, alors c’est que nous n’aurions compris. Et dès lors, il n’y aurait plus qu’à attendre la prochaine leçon de Maître Sarkozy.
El Hadji NGOM Bp 10 680 Dakar – Liberté
adpes@sentoo.sn
Source: Walfadjri
Tant pis pour les esprits chagrins qui continuent à vouloir culpabiliser les faiseurs du monde.
S’il y a eu faute des Européens en Afrique, celle-ci aurait été grassement expiée avec les ports, les ponts, les routes, les hôpitaux réalisés sur le continent par les colons, qui n’étaient pas d’ailleurs tous des méchants. Même si ces ouvrages ont été réalisés avec les impôts et le travail prélevés sur les colonies, ils n’auraient jamais vu le jour sans la science européenne, fruit d’une angoisse séculaire totalement étrangère à la béate vision du monde qui serait celle de l’homme noir. Ces réalisations qui, bien entendu, n’auraient rien à voir avec une économie coloniale extravertie (l’Europe n’en a jamais eu besoin), devraient de ce fait être appréciées à leur juste valeur par les bénéficiaires.
Avec ces rappels, il ne s’agit nullement de ressasser morbidement un passé à des fins de culpabilisation. Mais c’est tout simplement pour poser la question de savoir, pourquoi ces considérations historico-philosophiques ont été importantes dans le premier grand discours que M. Sarkozy a adressé à l’Afrique ? En effet, dans la dernière partie de ce discours, il a eu à aborder quelques-unes des vraies questions qui scotchent actuellement le continent africain dans l’indigence économique. A savoir entre autres : l’attitude mentale peu imaginative et peu courageuse des dirigeants africains face à leurs responsabilités ; l’exaltation vaine d’un particularisme refuge et manipulateur, pouvant conduire hors de l’Histoire au nom d’une tradition le plus souvent mythique ; l’insuffisance de la volonté de construire une identité forte parce que synthétique à partir de l’histoire vécue mais non imaginée ; la faiblesse de la conviction que le retard économique n’est pas une fatalité comme par exemple le démontrent l’Inde et la Chine…
Avec un peu plus de réflexion, M. Sarkozy aurait pu comprendre que la situation actuelle de l’Afrique, plus qu’un problème de mentalité essentielle, est plutôt un problème de leadership imputable à ses seules élites et à leurs complices, que dans tous les pays africains, la lutte pour une démocratie libératrice des énergies et préalable au développement économique, est irréversible, que son impatience à lui, que sa fébrilité à lui, que son sentiment de culpabilité ou non à lui, que son désir de repentance ou non à lui, relève de sa propre histoire à lui, et que l’Afrique debout ne lui a rien demandé à ce propos, qu’eu égard à la réalité des faits cumulés, découlant nécessairement de tout contact des humains entre eux (l’Histoire n’est pas autre chose), les Africains sont et ont toujours été entièrement dans l’Histoire. Car, après avoir été en contact entre eux, fondant en conséquence des royaumes et des empires, ils ont rencontré l’Europe plus puissante qui les a colonisés. Après la période coloniale, des luttes pour l’indépendance ont abouti aux 53 Etat-nations actuels sur le continent. Aujourd’hui, une unité de l’Afrique préoccupe tous les Africains qui ont à cœur de travailler à sa réalisation.
Si tout cela ne signifiait pas être entièrement dans l’Histoire, alors c’est que nous n’aurions compris. Et dès lors, il n’y aurait plus qu’à attendre la prochaine leçon de Maître Sarkozy.
El Hadji NGOM Bp 10 680 Dakar – Liberté
adpes@sentoo.sn
Source: Walfadjri