
Sans grande sympathie pour Abdou Diouf, nous lui savons néanmoins gré d’avoir évité la tentation dynastique à sa progéniture. Ainsi, ils sont peu nombreux les Sénégalais à pouvoir mettre un visage sur les noms de Habib ou Yacine. Et il aura fallu attendre près de 20 ans pour entendre, une seule fois, le son de la voix de Mme Elizabeth Diouf ! L’«omniprésident» qui nous gouverne peut-il en dire autant avec sa famille si omniprésente et omnipotente ? Le seul fait qu’on puisse penser un seul instant qu’une transmission dynastique du pouvoir, même avec un vernis démocratique, puisse se dérouler au Sénégal, prouve l’incroyable régression que nous vivons. Pour un si grand donneur de leçons, la chute vers laquelle nous mène Wade est abyssale. Rappelons-nous son discours par lequel il snobait ses pairs à son arrivée au pouvoir.
Coaché par des communicants et des gourous de sous-préfecture que sont un ancien flic, un ancien instituteur socialiste et un ancien pigiste, Karim Wade, concernant la succession de son père, qui, de son propre aveu, le trouvait «trop toubab !», est passé du stade de «Impensable !» à «Pourquoi pas au fond ?» et maintenant pour finir à «C’est bien possible !». La victoire inespérée de Wade au premier tour et la Dubaïmania en passe de transformer le Sénégal en willaya d’Abou Dhabi, confèrent décidément bien des audaces !
Mais quelqu’un osera-t-il regarder enfin ce garçon, les yeux dans les yeux, pour lui dire que ce qui est valable pour son Président de père ne l’est pas forcément pour lui ?
Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, la légitimité de Wade, vu sa trajectoire historique, ne souffre d’aucun doute. Pour avoir défié Senghor et avoir mis Diouf au bord de la dépression nerveuse avant le K.0 du 19 mars 2000, avec l’aide d’un peuple à bout de souffle, Abdoulaye Wade, nonobstant ses pantalonnades et ses palinodies, a du mérite. Mais peut-on sérieusement en dire autant de son fils ? L’un des plus grands sectateurs du bonhomme, dans un entretien accordé à un quotidien jure la main sur le coeur que «Karim aime plus le Sénégal que le Pds !» (sic) Ah bon ? Distrait de nature, nous avons certainement dû rater un épisode dans une séquence historique de ce pays ! Où était donc cet éminent «patriote» quand les jeunes «quatre-vingt huitards» qui eux, risquant réellement leur vie, hypothéquaient leurs études et leur avenir en défiant, à mains nues, la soldatesque de Diouf, pour amener son père au pouvoir ? Curieux «patriote» qui aime tant son pays qu’il n’en parle aucune langue nationale et qui, lorsqu’il a senti subitement le besoin de baragouiner le wolof, a pris les attaches d’un prof-américain du «Peace Corp» ! Défense de rigoler ! Curieux «patriote» que ce modeste courtier, second couteau dans une banque de Londres, qui aspire soudainement à jouer les premières fourchettes une fois seulement son père élu à la magistrature suprême. Mais c’est vrai que, lorsqu’une famille produit un génie, elle se repose au moins pendant une génération !
Croyant le défendre alors qu’ils ne font que l’enfoncer davantage, les troubadours de Karim, dans un roulement de tambour médiatique, martèlent à tout bout de champ qu’il est «un Sénégalais comme un autre». Tiens, tiens ! Cette évidence ne saute-elle pas donc aux yeux au point qu’on nous la bassine à longueur de journée ? A qui va-t-on faire croire qu’un fils de chef d’Etat, missi dominici de son père auprès des cours royales est un citoyen comme les autres et que sur le plan de la conquête du pouvoir, il part sur un pied d’égalité avec les autres «goorgoorlus» ? Karim Wade a-t-il appartenu à une équipe de Navétanes ? A-t-il fréquenté un grand-place ? Est-il monté une seule fois dans un bus bondé de la Sotrac, cartable à la main, avec des gargouillis d’un ventre pas toujours bien rempli ?
Après quatre décennies d’indépendance, après les hauts faits de la lutte démocratique, une vérité s’impose : nul ne pourra plus prétendre diriger ce pays s’il ne l’a pas connu de l’intérieur, s’il n’a vécu les affres de son quotidien.
Les thuriféraires de Karim trompètent sa sénégalité (que personne n’a jamais mise en doute au demeurant). L’inénarrable Abdoulaye Mbaye Pekh s’époumone à nous le présenter comme un «vrai mouride». Que Karim Wade soit adventiste du septième jour, khadre ou zoroastrien, cela ne regarde que lui ! Mais, porté à la tête d’une agence fonctionnant avec l’argent du contribuable, a-t-il décemment le droit d’octroyer 50 millions de francs à une communauté religieuse pour la construction d’une mosquée, sans daigner nous dire d’où il tient la fortune colossale dont on le crédite ? On voudrait prendre les mourides pour du bétail électoral que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Des disciples authentiques du vénérable Cheikh Ahmadou Bamba, avec l’argent gagné à la sueur de leur front dans les ruelles de New York ou de Milan, investissent chaque année des milliards à Touba , sans ameuter les caméras.
Avançant masqués dans un premier temps, puis s’enhardissant de jour en jour, des membres d’une association autoproclamée «Génération du concret», dans ce qui s’apparente à l’escroquerie politique du siècle, ambitionnent de faire passer, sans transition, Karim Wade de la «station» de Président de l’Anoci à celle de président de la République avec une tactique qui sent à 100 km les méthodes trotskystes, le talent et la finesse en moins. Qu’on nous épargne surtout l’argument attrape-nigaud selon lequel l’intéressé lui-même n’a jamais fait la moindre déclaration en ce sens : tous les actes posés, dernièrement, par Karim Wade et ses obligés militent pour cette occurrence et on sait depuis Gide, que «la plus grande ruse du Diable est de faire croire qu’il n’existe pas». En baptisant ce conglomérat de courtisans du curieux nom de «Génération du Concret», les affidés de Wade junior ajoutent le ridicule à la fatuité ! Ainsi, tout ce qui était là avant l’avènement de la «Gc» relèverait-il donc de la tabula rasa ? Ces messieurs sont-ils vraiment plus «concrets» que mon cousin immigré Ablaye qui, depuis le Gabon fait vivre toute une famille à Gamadji ou mon ami Soninké Djiby qui, depuis la banlieue française, trimant jour et nuit comme un forcené, participe, sans tambour ni trompette, au développement de Dembankani ?
Les animateurs de la Gc ajoutent l’imposture à la mystification politique avec le fait, voire le forfait, consistant à forger à leur champion un destin présidentiel à l’aide de travaux financés avec le Trésor public. De ce fait, la banderole déployée sur la corniche et floquée «Génération du concret» est une insulte permanente aux contribuables et une insupportable provocation qui heurte tous les automobilistes empruntant cette corniche, prétendument «la plus belle d’Afrique de l’Ouest» mais assurément, la plus chère de tout le continent avec 10 km facturés à 22 milliards ! Courageusement, des architectes, vrais patriotes ceux-là, ont démontré pourtant les défauts techniques de cette fameuse corniche. Comme des gamins pris la main dans le pot de confiture, avec une humilité à laquelle ils ne nous avaient pas habitués, ces très suffisants messieurs de l’Anoci ont piteusement reconnu leur insuffisance.
Enfin, il faudrait quand même que les concepteurs de cette coquecigrue qu’est la «Génération du concret» apprennent à accorder leurs violons sur ce que signifie leur trouvaille. Se payant des mots avec une admirable incohérence, tantôt un courtisan empressé nous dit que c’est un «slogan» tandis qu’un autre jour, un zélote impudent nous assure que c’est un «concept» ! Puisqu’on a les génies que l’on peut, celui qui passe pour être le brillant maître à penser de cet Opni (objet politique non identifié) qu’est la «Gc», l’ancien pigiste, dans un entretien accordé au journal «l’As», s’est doctement hasardé à une explication si tirée par les cheveux que lui-même s’est drôlement emmêlé les pinceaux : «Ceux qui défendent le concept ne le comprennent pas. Ceux qui le critiquent ne le maîtrisent pas.» Et pour cause, mon bon monsieur ! Même les plus irréductibles adversaires de Njomboor fils n’auraient pas osé pareille sottise pour le perdre ! Pour se reposer (et nous reposer un peu) les Karimolâtres et «concrétologues», à propos de la «Gc», devraient essayer la définition suivante : «Au Sénégal, désigne le plus grand regroupement d’opportunistes au mètre carré.»
Racine Elimane KANE / Jomwuro85@yahoo.fr
Source: Le Quotidien
Coaché par des communicants et des gourous de sous-préfecture que sont un ancien flic, un ancien instituteur socialiste et un ancien pigiste, Karim Wade, concernant la succession de son père, qui, de son propre aveu, le trouvait «trop toubab !», est passé du stade de «Impensable !» à «Pourquoi pas au fond ?» et maintenant pour finir à «C’est bien possible !». La victoire inespérée de Wade au premier tour et la Dubaïmania en passe de transformer le Sénégal en willaya d’Abou Dhabi, confèrent décidément bien des audaces !
Mais quelqu’un osera-t-il regarder enfin ce garçon, les yeux dans les yeux, pour lui dire que ce qui est valable pour son Président de père ne l’est pas forcément pour lui ?
Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, la légitimité de Wade, vu sa trajectoire historique, ne souffre d’aucun doute. Pour avoir défié Senghor et avoir mis Diouf au bord de la dépression nerveuse avant le K.0 du 19 mars 2000, avec l’aide d’un peuple à bout de souffle, Abdoulaye Wade, nonobstant ses pantalonnades et ses palinodies, a du mérite. Mais peut-on sérieusement en dire autant de son fils ? L’un des plus grands sectateurs du bonhomme, dans un entretien accordé à un quotidien jure la main sur le coeur que «Karim aime plus le Sénégal que le Pds !» (sic) Ah bon ? Distrait de nature, nous avons certainement dû rater un épisode dans une séquence historique de ce pays ! Où était donc cet éminent «patriote» quand les jeunes «quatre-vingt huitards» qui eux, risquant réellement leur vie, hypothéquaient leurs études et leur avenir en défiant, à mains nues, la soldatesque de Diouf, pour amener son père au pouvoir ? Curieux «patriote» qui aime tant son pays qu’il n’en parle aucune langue nationale et qui, lorsqu’il a senti subitement le besoin de baragouiner le wolof, a pris les attaches d’un prof-américain du «Peace Corp» ! Défense de rigoler ! Curieux «patriote» que ce modeste courtier, second couteau dans une banque de Londres, qui aspire soudainement à jouer les premières fourchettes une fois seulement son père élu à la magistrature suprême. Mais c’est vrai que, lorsqu’une famille produit un génie, elle se repose au moins pendant une génération !
Croyant le défendre alors qu’ils ne font que l’enfoncer davantage, les troubadours de Karim, dans un roulement de tambour médiatique, martèlent à tout bout de champ qu’il est «un Sénégalais comme un autre». Tiens, tiens ! Cette évidence ne saute-elle pas donc aux yeux au point qu’on nous la bassine à longueur de journée ? A qui va-t-on faire croire qu’un fils de chef d’Etat, missi dominici de son père auprès des cours royales est un citoyen comme les autres et que sur le plan de la conquête du pouvoir, il part sur un pied d’égalité avec les autres «goorgoorlus» ? Karim Wade a-t-il appartenu à une équipe de Navétanes ? A-t-il fréquenté un grand-place ? Est-il monté une seule fois dans un bus bondé de la Sotrac, cartable à la main, avec des gargouillis d’un ventre pas toujours bien rempli ?
Après quatre décennies d’indépendance, après les hauts faits de la lutte démocratique, une vérité s’impose : nul ne pourra plus prétendre diriger ce pays s’il ne l’a pas connu de l’intérieur, s’il n’a vécu les affres de son quotidien.
Les thuriféraires de Karim trompètent sa sénégalité (que personne n’a jamais mise en doute au demeurant). L’inénarrable Abdoulaye Mbaye Pekh s’époumone à nous le présenter comme un «vrai mouride». Que Karim Wade soit adventiste du septième jour, khadre ou zoroastrien, cela ne regarde que lui ! Mais, porté à la tête d’une agence fonctionnant avec l’argent du contribuable, a-t-il décemment le droit d’octroyer 50 millions de francs à une communauté religieuse pour la construction d’une mosquée, sans daigner nous dire d’où il tient la fortune colossale dont on le crédite ? On voudrait prendre les mourides pour du bétail électoral que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Des disciples authentiques du vénérable Cheikh Ahmadou Bamba, avec l’argent gagné à la sueur de leur front dans les ruelles de New York ou de Milan, investissent chaque année des milliards à Touba , sans ameuter les caméras.
Avançant masqués dans un premier temps, puis s’enhardissant de jour en jour, des membres d’une association autoproclamée «Génération du concret», dans ce qui s’apparente à l’escroquerie politique du siècle, ambitionnent de faire passer, sans transition, Karim Wade de la «station» de Président de l’Anoci à celle de président de la République avec une tactique qui sent à 100 km les méthodes trotskystes, le talent et la finesse en moins. Qu’on nous épargne surtout l’argument attrape-nigaud selon lequel l’intéressé lui-même n’a jamais fait la moindre déclaration en ce sens : tous les actes posés, dernièrement, par Karim Wade et ses obligés militent pour cette occurrence et on sait depuis Gide, que «la plus grande ruse du Diable est de faire croire qu’il n’existe pas». En baptisant ce conglomérat de courtisans du curieux nom de «Génération du Concret», les affidés de Wade junior ajoutent le ridicule à la fatuité ! Ainsi, tout ce qui était là avant l’avènement de la «Gc» relèverait-il donc de la tabula rasa ? Ces messieurs sont-ils vraiment plus «concrets» que mon cousin immigré Ablaye qui, depuis le Gabon fait vivre toute une famille à Gamadji ou mon ami Soninké Djiby qui, depuis la banlieue française, trimant jour et nuit comme un forcené, participe, sans tambour ni trompette, au développement de Dembankani ?
Les animateurs de la Gc ajoutent l’imposture à la mystification politique avec le fait, voire le forfait, consistant à forger à leur champion un destin présidentiel à l’aide de travaux financés avec le Trésor public. De ce fait, la banderole déployée sur la corniche et floquée «Génération du concret» est une insulte permanente aux contribuables et une insupportable provocation qui heurte tous les automobilistes empruntant cette corniche, prétendument «la plus belle d’Afrique de l’Ouest» mais assurément, la plus chère de tout le continent avec 10 km facturés à 22 milliards ! Courageusement, des architectes, vrais patriotes ceux-là, ont démontré pourtant les défauts techniques de cette fameuse corniche. Comme des gamins pris la main dans le pot de confiture, avec une humilité à laquelle ils ne nous avaient pas habitués, ces très suffisants messieurs de l’Anoci ont piteusement reconnu leur insuffisance.
Enfin, il faudrait quand même que les concepteurs de cette coquecigrue qu’est la «Génération du concret» apprennent à accorder leurs violons sur ce que signifie leur trouvaille. Se payant des mots avec une admirable incohérence, tantôt un courtisan empressé nous dit que c’est un «slogan» tandis qu’un autre jour, un zélote impudent nous assure que c’est un «concept» ! Puisqu’on a les génies que l’on peut, celui qui passe pour être le brillant maître à penser de cet Opni (objet politique non identifié) qu’est la «Gc», l’ancien pigiste, dans un entretien accordé au journal «l’As», s’est doctement hasardé à une explication si tirée par les cheveux que lui-même s’est drôlement emmêlé les pinceaux : «Ceux qui défendent le concept ne le comprennent pas. Ceux qui le critiquent ne le maîtrisent pas.» Et pour cause, mon bon monsieur ! Même les plus irréductibles adversaires de Njomboor fils n’auraient pas osé pareille sottise pour le perdre ! Pour se reposer (et nous reposer un peu) les Karimolâtres et «concrétologues», à propos de la «Gc», devraient essayer la définition suivante : «Au Sénégal, désigne le plus grand regroupement d’opportunistes au mètre carré.»
Racine Elimane KANE / Jomwuro85@yahoo.fr
Source: Le Quotidien