Depuis hier, à Dakar, rares sont les boulangeries qui ont produit du pain. Cette action qui entre dans le cadre de la grève de la fédération nationale des boulangers, risque de durer plus que prévu, d'autant plus que selon Amadou Gaye, président de la fédération des boulangers, « l'Etat fait la sourde oreille face à nos revendications ». Interrogé sur cette situation, Boucar Diouf, employé à la boulangerie de la Brioche Dorée sise à la Sicap liberté II, partisan de la grève, fustige, « nous ne pouvons pas produire à perte, car avec les factures d'eau et d'électricité associées aux salaires dus aux travailleurs et cette augmentation du prix de la farine, nous ne savons pas quelle quantité vendre pour nous en sortir ». Ceci, au détriment des populations qui vivent, en ce moment, un véritable calvaire face à ce casse-tête chinois. En effet, cette grève plonge les populations dans une détresse, et oblige ces dernières à user de tous les moyens pour acquérir l'objet de leur convoitise. C'est ainsi que Malick Sow, inspecteur à la police centrale, explique : « En prévision de la grève qui est bien parti pour durer, j'ai voulu m'approvisionner en pain, avant-hier, à la galette, mais à mon plus grand regret, les populations avaient déjà presque tout dévalisé. Je me suis contenté du peu de pain de mie qui restait ». Pire, faute de moyens, Ismaël Diagne, gérant de cybercafé, exprime sa colère : «Les Sénégalais sont les grands perdants, en ce sens qu'ils sont pris en otage par les boulangers pour la satisfaction de leurs attentes ». Résigné, le sieur Diagne va plus loin pour accuser, « depuis deux jours, je suis devenu un adepte de biscuit que je trempe dans mon café, car non seulement, c'est moins cher, mais en plus, on en trouve dans toutes les boutiques ». Aussi, faut-il signaler qu'à côté des biscuits, la bouillie de mil « fondé » a vu le nombre de ses consommateurs doublé en ces jours de pénurie du pain. En effet, Mâ, une vendeuse de cette bouillie, se frotte les mains en raison de son chiffre d'affaires qui n'arrête pas de grimper. En cela, la dame remercie Dieu : « Al Hamdoulilah », dit-elle. Dans la même mouvance, Mody Guèye, un inconditionnel de la bouillie de mil, invite les Sénégalais à suivre son exemple dans la mesure où, « ils ne seront jamais pris au dépourvu par une grève ou une pénurie » ; car poursuit-il, « non seulement, c'est meilleur pour la santé mais également, c'est plus solide ». Voilà une invitation à laquelle les populations de Grand Dakar ne risquent certainement pas de répondre, dans la mesure où la boulangerie Diack, basée dans cette localité, n'a pas suivi le mot d'ordre de grève. En effet, Cheikh Sall, employé à ladite boulangerie, très soucieux de ses concitoyens, clame : « Nous continuons à produire du pain, car nous avons pitié des populations. De plus, comme nous nous étions approvisionnés en farine avant la flambée du prix, nous avons tenu à continuer notre travail pour soulager les habitants de cette localité, mais aussi ceux qui parcourent des kilomètres à la recherche de cette denrée rare, même si nous avons considérablement diminué notre production ». La boulangerie Diack, constitue incontestablement, en ces jours troubles, une oasis au milieu du désert pour les inconditionnels du pain à base de blé.
Dié BA (stagiaire)
Source: L'office
Dié BA (stagiaire)
Source: L'office