![[CONTRIBUTION] Fondement philosophique du mouridisme [CONTRIBUTION] Fondement philosophique du mouridisme](https://www.xibar.net/photo/art/default/1806432-2460384.jpg?v=1290026494)
A mon avis, on peut dire que le mouridisme a substantiellement un seul et unique fondement philosophique : l'adoration de Dieu qui, en fait, englobe les trois concepts qui constituent l'ossature de la religion musulmane, à savoir l'Imane ou la profession de foi, l'islam ou les cinq piliers cultuels et l'lhsane ou le soufisme (la mystique), c'est-à-dire la manière appropriée, sincère et pure d'adorer Dieu. Ce dernier concept se traduit par une prise de conscience selon laquelle Dieu surveille nos actions partout où l'on se trouve. Dans la pratique, ces trois concepts ont été traduits de façon très concrète. C'est ainsi que Serigne Touba (que Dieu soit satisfait de lui), ayant une connaissance parfaite de l'islam dans sa globalité, a conçu une méthode pratique susceptible de réaliser les objectifs fondamentaux de l'islam.
Dans cette réflexion, nous allons essayer d'ébaucher cette méthode que d'aucuns ont tendance à considérer comme le fondement philosophique du mouridisme qui, nous le répétons, demeure l'adoration de Dieu. C'est, en effet, l'élément moteur autour duquel gravitent tous les enseignements du mouridisme, car ici, autant ou plus qu'ailleurs, on a toujours à l'esprit le verset coranique dans lequel Dieu le Très Haut dit : ‘Je n'ai créé les Djinn (génies) et les hommes que pour qu'ils m'adorent’. Cette adoration exclusive de Dieu est donc le but ultime que vise le mouridisme et que la méthode élaborée par Serigne Touba constitue le moyen qui permet d'atteindre. Ce sont des moyens multiples et variés, classifiables en deux sortes : il s'agit de moyens latents, donc inconnaissables, parce que relevant exclusivement du domaine réservé (les faveurs que Dieu a souverainement accordées au serviteur de son élu Serigne Touba) ; et de moyens patents, donc connaissables. Ce sont ces derniers que nous allons examiner substantiellement sans avoir la moindre prétention de faire une étude exhaustive de la question. Autrement dit, nous tentons de faire une esquisse qui mettrait en exergue la pertinence et, partant, l'exemplarité de la philosophie mouride dans les questions suivantes :
• L'unité musulmane
• Le travail
• L'éducation
• Le Ndiguël (l'ordre)
Nous le faisons avec plaisir d'autant plus qu'on peut en tirer un enseignement qui soit profitable à l'ensemble des hommes, à savoir la soumission absolue à l'autorité divine.
L'unité musulmane
Pour mettre en pratique ce principe sacro-saint de l'islam qu'est l'unité des croyants, Serigne Touba (que Dieu soit satisfait de lui) utilisait à la fois la parole et l'action. S'agissant de la parole, il suffit de citer la réponse qu'il avait donnée aux Français qui voulaient connaître les siens pour leur réserver un traitement de faveur : ‘Tous ceux qui font la profession de foi sont les miens’. Pour ce qui est de l'action, on peut mentionner, outre les visites de courtoisie que le Cheikh effectuait à chaque fois que l'occasion se présentait, auprès de certains marabouts, le fait d'avoir autorisé ceux qui en exprimaient le besoin, l'usage des Wird des ordres mystiques qui existaient dans le pays ainsi que le soutien, surtout matériel, qu'il apportait aux gens indépendamment de leur appartenance ethnique et confessionnelle.
Le travail
Ce moyen qui fait l'objet de plusieurs études est, à notre sens, l'un des éléments les plus caractéristiques du mouridisme qui croit que, sans le travail, l'homme ne pourra en aucun cas jouer pleinement son rôle de vicaire de Dieu ici-bas, tout comme il ne pourra pas s'acquitter convenablement de ses obligations cultuelles. Bref, on peut dire que, sans cela, il n'y aurait pas de mosquées ni d'écoles ni de livres, encore moins de dignité et en conséquence, l'islam n'aurait pas le rayonnement qu'il connaît aujourd'hui. Et le mouridisme, étant conscient de l'importance du travail, en a fait un sacerdoce, ce qui a peut-être amené beaucoup à retenir le travail comme une forme de culte. Mais ce qu'il faut en déduire, c'est toujours ce nous avons dit plus haut, à savoir que sans le travail, il n'y a pas de culte : ‘Ventre creux n'a point d'oreilles’, dit-on.
L'éducation
Le mouridisme ayant enregistré une conversion massive dans tous les milieux et au sein de toutes les classes sociales de l'époque, il devenait nécessaire de mettre chaque homme à la place qui lui convenait le plus. Ainsi, tous les prosélytes qui avaient un certain viatique intellectuel ou qui possédaient des dispositions dans ce sens, étaient orientés vers les études islamologiques. D'autres devaient travailler la terre en guise d'éducation physique (formation professionnelle, dans le langage contemporain), tout en recevant un enseignement oral qui leur permettait, en tant que musulmans, de connaître les obligations individuelles en matière de culte et d'avoir une conduite leur assurant une coexistence harmonieuse avec les autres membres de la société.
Pour ce faire, Serigne Touba ne cessait de rappeler aux adeptes les vérités éternelles telles que : ‘N'est maître en vérité que celui qui a été disciple’, ‘quiconque veut être seigneur doit accepter d'être vassal’, ‘soyez vaille que vaille véridiques. La vérité demeure et le contraire est destiné à disparaître, fût-il rayonnant’.
A la catégorie disposée à recevoir un enseignement livresque, le Cheikh prodiguait les conseils suivants : ‘O jeunes ! Si vous craignez la honte, cherchez le savoir avant la pratique ! Apprenez progressivement la jurisprudence, la mystique, les sciences instrumentales de la Sunnah que sont la grammaire, la poésie, la rhétorique, la linguistique arabe etc.’ Ces deux formes d'éducation visaient entre autres à réaliser les objectifs ci-après :
1) - Le courage : il fallait donner à l'adepte la conviction que seul Dieu détient la solution des problèmes auxquels il peut être confronté dans la vie afin qu'il fasse de cette conviction-là une arme avec laquelle il affronte la vie sans craindre qui ou quoi que ce soit.
2) - L'endurance : très tôt dans les daaras, on fait exécuter à l'adepte mineur, déjà coupé du milieu parental, des tâches dures de façon graduelle, de telle sorte qu'une fois adulte, il sera à même de braver les obstacles qu'il pourrait rencontrer dans sa vie quotidienne. Cette éducation ne se limite pas uniquement aux corvées, mais elle s'étend jusqu'au régime alimentaire où on prend les mesures qui s'imposent pour éviter à l'enfant certaines habitudes alimentaires et ce, afin que dans sa vie future, il puisse s'adapter aux éventuelles situations difficiles.
3) - La sagesse : cette vertu est inculquée à l'adepte bien grâce aux enseignements religieux qu'il reçoit dans les daaras, mais aussi à travers des proverbes, des dictons et des wolofal (poèmes en wolof) composés par Serigne Samba Diarra Mbaye, Serigne Mbaye Diakhaté, Serigne Moussa Kâ, etc.
4) - La confiance en soi : dans les daaras, les adeptes sont très tôt responsabilisés dans la mesure où, une fois adultes, ils sont nommés Diawrigne (chef d'équipe) avec à leur disposition des enfants en bas âge, des surfaces de terre, des semences et du matériel agricole, ce qui anime en eux immanquablement un esprit d'émulation saine et, partant, de confiance. A ce niveau, on apprend à l'adepte à ne jamais devancer son guide spirituel, mais à ne pas non plus se laisser dépasser par le reste de la communauté.
5) - Le goût de l'effort : on fait recours aux textes du Coran et de la Sunnah pour mettre en relief la récompense que Dieu promet à ses serviteurs méritants dans le bas monde comme dans l'au-delà pour alimenter l'esprit d'entreprendre et le goût de l'effort, d'où l'emploi fréquent de cette expression : ‘dieuf dieul’ (chacun récolte le fruit de son action). Ailleurs, on dit que seul le travail paye.
6) - La sincérité : on apprend à l'adepte qu'en islam, une action non accomplie avec la sincérité requise ne sera jamais rétribuée à sa juste valeur. Une fois assimilée, cette leçon est appliquée par l'adepte dans ses rapports tant avec son maître spirituel qu'avec les autres composants de la société.
Le Ndiguël
Il s'agit pour le guide spirituel de s'acquitter d'un devoir sacro-saint de l'islam prescrit d'abord par le Coran, puis par la Sunnah, qui consiste à ordonner le bien et interdire le mal par des paroles, des actes ou des écrits et sur ce plan précis, Serigne Touba (que Dieu soit satisfait de lui), outré des actes et des paroles, a laissé à ses disciples une gamme très variée d'écrits. En ce qui concerne l'adepte, il s'agit d'honorer l'engagement pris, de son pacte d'allégeance, de servir son guide.
Le guide joue le rôle de stratège, en indiquant à son adepte la voie à suivre en matière aussi bien de travail que de religion. Sous ce rapport, Serigne Touba a bien souligné, à l'intention des aspirants qui veulent obtenir l'agrément de Dieu, ces sept conditions qu'il faut réunir au préalable : 1 - servir son guide spirituel pour la face de Dieu ;
2 - lui obéir en tout circonstance ;
3 - connaître les obligations individuelles en islam ;
4 - se soumettre à son guide sans arrière-pensée ;
5 - faire son serment d’allégeance avec optimisme ;
6 - l'aimer au point de lui rendre des services qui dépassent ses espérances ; 7 - ne plus se fier à un autre guide.
Voulant nous préserver d'éventuelles erreurs dans le choix d'un guide, Serigne Touba nous apprend aussi que les relations entre un guide et son aspirant peuvent être schématisées comme suit :
- Un voyant qui guide un voyant : ils arrivent tous les deux à destination sans problème ;
- Un voyant qui conduit un aveugle : le premier amène le second sans obstacle ;
- Un aveugle qui guide un voyant : il y a danger pour le premier et non pour le second ;
- Un aveugle qui conduit un aveugle : ils sont tous les deux en péril.
Il faut bien sûr opter pour les deux premiers cas de figure et éviter les deux derniers. Notre vénéré marabout Cheikh Ahmadou Bamba nous fait savoir également qu'il existe trois types de serignes (maîtres religieux) : A) - Un serigne enseignant, il doit réunir ces trois qualités : le savoir, l'éloquence et l'intelligence.
B) - Un serigne éducateur, il doit remplir lui aussi trois conditions : connaître parfaitement l'adepte, connaître le monde, la société où il vit et agir avec mesure et désintéressement. Ce serigne éducateur ne peut réussir sa mission que s'il pratique l'abstinence et renonce aux choses futiles de ce bas monde.
C) - Un serigne purificateur d'âme : il se reconnaît par ce qui suit : il incite à adorer Dieu, il parle avec objectivité, ses propos éclairent le cœur, sa proximité est une clé pour la transcendance et enfin sa fréquentation nous baigne dans la lumière divine.
Voilà très succinctement ce que nous tenions à dire au sujet du fondement philosophique du mouridisme mais comme nous l'avons précédemment souligné, il n'a jamais été question pour nous d'épuiser ce sujet fleuve, encore moins de le traiter avec toute l'attention qu'il mérite. Toutefois, une chose nous est certaine : c'est que traité avec toute la diligence requise, ce sujet peut servir de base dans l'élaboration d'une charte culturelle valable pour l'écrasante majorité des Sénégalais.
Serigne Sam NIANG Touba
e-mail : samenniang@yahoo.fr
Source Walfadrji
Dans cette réflexion, nous allons essayer d'ébaucher cette méthode que d'aucuns ont tendance à considérer comme le fondement philosophique du mouridisme qui, nous le répétons, demeure l'adoration de Dieu. C'est, en effet, l'élément moteur autour duquel gravitent tous les enseignements du mouridisme, car ici, autant ou plus qu'ailleurs, on a toujours à l'esprit le verset coranique dans lequel Dieu le Très Haut dit : ‘Je n'ai créé les Djinn (génies) et les hommes que pour qu'ils m'adorent’. Cette adoration exclusive de Dieu est donc le but ultime que vise le mouridisme et que la méthode élaborée par Serigne Touba constitue le moyen qui permet d'atteindre. Ce sont des moyens multiples et variés, classifiables en deux sortes : il s'agit de moyens latents, donc inconnaissables, parce que relevant exclusivement du domaine réservé (les faveurs que Dieu a souverainement accordées au serviteur de son élu Serigne Touba) ; et de moyens patents, donc connaissables. Ce sont ces derniers que nous allons examiner substantiellement sans avoir la moindre prétention de faire une étude exhaustive de la question. Autrement dit, nous tentons de faire une esquisse qui mettrait en exergue la pertinence et, partant, l'exemplarité de la philosophie mouride dans les questions suivantes :
• L'unité musulmane
• Le travail
• L'éducation
• Le Ndiguël (l'ordre)
Nous le faisons avec plaisir d'autant plus qu'on peut en tirer un enseignement qui soit profitable à l'ensemble des hommes, à savoir la soumission absolue à l'autorité divine.
L'unité musulmane
Pour mettre en pratique ce principe sacro-saint de l'islam qu'est l'unité des croyants, Serigne Touba (que Dieu soit satisfait de lui) utilisait à la fois la parole et l'action. S'agissant de la parole, il suffit de citer la réponse qu'il avait donnée aux Français qui voulaient connaître les siens pour leur réserver un traitement de faveur : ‘Tous ceux qui font la profession de foi sont les miens’. Pour ce qui est de l'action, on peut mentionner, outre les visites de courtoisie que le Cheikh effectuait à chaque fois que l'occasion se présentait, auprès de certains marabouts, le fait d'avoir autorisé ceux qui en exprimaient le besoin, l'usage des Wird des ordres mystiques qui existaient dans le pays ainsi que le soutien, surtout matériel, qu'il apportait aux gens indépendamment de leur appartenance ethnique et confessionnelle.
Le travail
Ce moyen qui fait l'objet de plusieurs études est, à notre sens, l'un des éléments les plus caractéristiques du mouridisme qui croit que, sans le travail, l'homme ne pourra en aucun cas jouer pleinement son rôle de vicaire de Dieu ici-bas, tout comme il ne pourra pas s'acquitter convenablement de ses obligations cultuelles. Bref, on peut dire que, sans cela, il n'y aurait pas de mosquées ni d'écoles ni de livres, encore moins de dignité et en conséquence, l'islam n'aurait pas le rayonnement qu'il connaît aujourd'hui. Et le mouridisme, étant conscient de l'importance du travail, en a fait un sacerdoce, ce qui a peut-être amené beaucoup à retenir le travail comme une forme de culte. Mais ce qu'il faut en déduire, c'est toujours ce nous avons dit plus haut, à savoir que sans le travail, il n'y a pas de culte : ‘Ventre creux n'a point d'oreilles’, dit-on.
L'éducation
Le mouridisme ayant enregistré une conversion massive dans tous les milieux et au sein de toutes les classes sociales de l'époque, il devenait nécessaire de mettre chaque homme à la place qui lui convenait le plus. Ainsi, tous les prosélytes qui avaient un certain viatique intellectuel ou qui possédaient des dispositions dans ce sens, étaient orientés vers les études islamologiques. D'autres devaient travailler la terre en guise d'éducation physique (formation professionnelle, dans le langage contemporain), tout en recevant un enseignement oral qui leur permettait, en tant que musulmans, de connaître les obligations individuelles en matière de culte et d'avoir une conduite leur assurant une coexistence harmonieuse avec les autres membres de la société.
Pour ce faire, Serigne Touba ne cessait de rappeler aux adeptes les vérités éternelles telles que : ‘N'est maître en vérité que celui qui a été disciple’, ‘quiconque veut être seigneur doit accepter d'être vassal’, ‘soyez vaille que vaille véridiques. La vérité demeure et le contraire est destiné à disparaître, fût-il rayonnant’.
A la catégorie disposée à recevoir un enseignement livresque, le Cheikh prodiguait les conseils suivants : ‘O jeunes ! Si vous craignez la honte, cherchez le savoir avant la pratique ! Apprenez progressivement la jurisprudence, la mystique, les sciences instrumentales de la Sunnah que sont la grammaire, la poésie, la rhétorique, la linguistique arabe etc.’ Ces deux formes d'éducation visaient entre autres à réaliser les objectifs ci-après :
1) - Le courage : il fallait donner à l'adepte la conviction que seul Dieu détient la solution des problèmes auxquels il peut être confronté dans la vie afin qu'il fasse de cette conviction-là une arme avec laquelle il affronte la vie sans craindre qui ou quoi que ce soit.
2) - L'endurance : très tôt dans les daaras, on fait exécuter à l'adepte mineur, déjà coupé du milieu parental, des tâches dures de façon graduelle, de telle sorte qu'une fois adulte, il sera à même de braver les obstacles qu'il pourrait rencontrer dans sa vie quotidienne. Cette éducation ne se limite pas uniquement aux corvées, mais elle s'étend jusqu'au régime alimentaire où on prend les mesures qui s'imposent pour éviter à l'enfant certaines habitudes alimentaires et ce, afin que dans sa vie future, il puisse s'adapter aux éventuelles situations difficiles.
3) - La sagesse : cette vertu est inculquée à l'adepte bien grâce aux enseignements religieux qu'il reçoit dans les daaras, mais aussi à travers des proverbes, des dictons et des wolofal (poèmes en wolof) composés par Serigne Samba Diarra Mbaye, Serigne Mbaye Diakhaté, Serigne Moussa Kâ, etc.
4) - La confiance en soi : dans les daaras, les adeptes sont très tôt responsabilisés dans la mesure où, une fois adultes, ils sont nommés Diawrigne (chef d'équipe) avec à leur disposition des enfants en bas âge, des surfaces de terre, des semences et du matériel agricole, ce qui anime en eux immanquablement un esprit d'émulation saine et, partant, de confiance. A ce niveau, on apprend à l'adepte à ne jamais devancer son guide spirituel, mais à ne pas non plus se laisser dépasser par le reste de la communauté.
5) - Le goût de l'effort : on fait recours aux textes du Coran et de la Sunnah pour mettre en relief la récompense que Dieu promet à ses serviteurs méritants dans le bas monde comme dans l'au-delà pour alimenter l'esprit d'entreprendre et le goût de l'effort, d'où l'emploi fréquent de cette expression : ‘dieuf dieul’ (chacun récolte le fruit de son action). Ailleurs, on dit que seul le travail paye.
6) - La sincérité : on apprend à l'adepte qu'en islam, une action non accomplie avec la sincérité requise ne sera jamais rétribuée à sa juste valeur. Une fois assimilée, cette leçon est appliquée par l'adepte dans ses rapports tant avec son maître spirituel qu'avec les autres composants de la société.
Le Ndiguël
Il s'agit pour le guide spirituel de s'acquitter d'un devoir sacro-saint de l'islam prescrit d'abord par le Coran, puis par la Sunnah, qui consiste à ordonner le bien et interdire le mal par des paroles, des actes ou des écrits et sur ce plan précis, Serigne Touba (que Dieu soit satisfait de lui), outré des actes et des paroles, a laissé à ses disciples une gamme très variée d'écrits. En ce qui concerne l'adepte, il s'agit d'honorer l'engagement pris, de son pacte d'allégeance, de servir son guide.
Le guide joue le rôle de stratège, en indiquant à son adepte la voie à suivre en matière aussi bien de travail que de religion. Sous ce rapport, Serigne Touba a bien souligné, à l'intention des aspirants qui veulent obtenir l'agrément de Dieu, ces sept conditions qu'il faut réunir au préalable : 1 - servir son guide spirituel pour la face de Dieu ;
2 - lui obéir en tout circonstance ;
3 - connaître les obligations individuelles en islam ;
4 - se soumettre à son guide sans arrière-pensée ;
5 - faire son serment d’allégeance avec optimisme ;
6 - l'aimer au point de lui rendre des services qui dépassent ses espérances ; 7 - ne plus se fier à un autre guide.
Voulant nous préserver d'éventuelles erreurs dans le choix d'un guide, Serigne Touba nous apprend aussi que les relations entre un guide et son aspirant peuvent être schématisées comme suit :
- Un voyant qui guide un voyant : ils arrivent tous les deux à destination sans problème ;
- Un voyant qui conduit un aveugle : le premier amène le second sans obstacle ;
- Un aveugle qui guide un voyant : il y a danger pour le premier et non pour le second ;
- Un aveugle qui conduit un aveugle : ils sont tous les deux en péril.
Il faut bien sûr opter pour les deux premiers cas de figure et éviter les deux derniers. Notre vénéré marabout Cheikh Ahmadou Bamba nous fait savoir également qu'il existe trois types de serignes (maîtres religieux) : A) - Un serigne enseignant, il doit réunir ces trois qualités : le savoir, l'éloquence et l'intelligence.
B) - Un serigne éducateur, il doit remplir lui aussi trois conditions : connaître parfaitement l'adepte, connaître le monde, la société où il vit et agir avec mesure et désintéressement. Ce serigne éducateur ne peut réussir sa mission que s'il pratique l'abstinence et renonce aux choses futiles de ce bas monde.
C) - Un serigne purificateur d'âme : il se reconnaît par ce qui suit : il incite à adorer Dieu, il parle avec objectivité, ses propos éclairent le cœur, sa proximité est une clé pour la transcendance et enfin sa fréquentation nous baigne dans la lumière divine.
Voilà très succinctement ce que nous tenions à dire au sujet du fondement philosophique du mouridisme mais comme nous l'avons précédemment souligné, il n'a jamais été question pour nous d'épuiser ce sujet fleuve, encore moins de le traiter avec toute l'attention qu'il mérite. Toutefois, une chose nous est certaine : c'est que traité avec toute la diligence requise, ce sujet peut servir de base dans l'élaboration d'une charte culturelle valable pour l'écrasante majorité des Sénégalais.
Serigne Sam NIANG Touba
e-mail : samenniang@yahoo.fr
Source Walfadrji