
II y a des coins dans plusieurs quartiers de la merveilleuse ville de Ziguinchor qui portent le nom de certaines agglomérations ou pays européens. Ces appellations sont souvent déterminées par le nombre élevé de jeunes de la localité qui se trouvent dans les pays européens. Mieux, ces jeunes bénéficient, dans leur majorité, de la nationalité de leurs pays d'accueil. Le mariage facilitant donc l'obtention de cette faveur.
À Boucotte sud, un des quartiers de la périphérie de Ziguinchor, des jeunes dans leur langage courant ont déjà défini la toponymie des localités. «Je vais à Stockholm», peut-on par exemple entendre. Et on peut constater qu'il s'agit là d'une dénomination qui est loin d'être fortuite.
«Stockholm, Madrid, .Sttugart », plus proches que jamais
A. Cissé est installé en Suède depuis bientôt sept ans. Il revient tous les mois de décembre pour voir les siens. Il parle même suédois et a une carte de résident, travaille et payé ses impôts. Dans son quartier, il est l'un des premiers de sa génération à se rendre à « Babylone», pour dire l'Europe. Entre l'époque de son premier voyage en Europe et aujourd'hui, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Marié en Suède depuis 2003, Cissé a pu construire un campement à Diana Bolong, un village situé à cinq kilomètres de Kafountine, donnant sur la plage, avec une vue superbe sur l'Océan Atlantique. C'est sa femme qui l'a aidé à financer ce projet. Ces copains de quartier, ses cousins et amis viennent désormais passer la saison touristique dans ce campement. Attendant la venue des touristes, pour la plupart attirés par l'écotourisme qui s'y développe. Ainsi, plusieurs d'entre eux ont pu nouer des liens avec ces touristes, en enseignant des cours de Diémbé ou de gastronomie locale. Des relations sérieuses naissent souvent de ces contacts et aboutissent au mariage. De fil en aiguille, des mariages sont célébrés ça et là. Dans plusieurs cas, les épouses venues de la lointaine Europe vont même jusqu'à accepter de se convertir à la religion musulmane.
Monsieur Cissé, lui, est arrivé à faire sortir plus de six proches du lot et à voir le bout du tunnel. Après le mariage favorisé par les relations tissées dans ce campement, ces jeunes ont réussi à faire des investissements dans leur localité, en créant des emplois et en permettant à d'autres de sortir du lot. Dans ce «Stockolm» local, plusieurs métisses naissent et le maniement de langue suédoise, n’est plus une contrainte. Avoir une toubab comme épouse dans cette localité est donc synonyme d'ascension sociale.
Des mariages de complaisance
Si d'aucuns aiment convoler en juste noce avec une épouse de préférence de race blanche, c'est pour «sortir de la précarité et des conditions de vie difficiles devenues le quotidien des jeunes de la région qui sont plongés dans un chômage chronique», expliquent certains de nos interlocuteurs. Abdoulaye Sagna est Un jeune expatrié qui habite Cap Skiring. Abdoulaye a rompu le mariage qui l'unissait à Virginie, une Espagnole qui a déjà soufflé ses 50 bougies, qui peut donc avoir l'âge de sa mère. C'est en 2006 qu’il s’est marié avec elle, alors qu'elle séjournait dans un grand hôtel du Cap. «Elle voulait aller en excursion dans les îles en basse Casamance. Je lui ai proposé d'être son guide pour visiter la mangrove à l'intérieur des îles. Nous avons loué une pirogue. Tout est parti de là», se souvient-il. En décembre 2006, Abdoulaye Sagna est parvenu, après avoir scellé le lien du mariage avec celle qu'il appelle Mame Diarra, à s'envoler pour Madrid. Après un an de vie commune, 1a lune de miel se transforme, du jour au lendemain, en lune de fiel. «au début, elle m'en fermait dans sa chambre avant d'aller au travail. J'ai souffert ainsi pendant deux ans. Elle m'interdisait de sortir, confisquant mon passeport. Au bout de ces deux années, elle s'est résolue à m’aider à travailler; mais en ayant une mainmise sur mon salaire », raconte A. Sagna. Qui poursuit : «Elle ne voulait même pas que je parle à ses copines. C’est l'ami de la femme d'un ami qui m'a finalement sorti de cette situation avant que je ne brise les liens du mariage. Je n'avais plus rien à perdre puisque je suis en règle avec la législation espagnole.» «Je savais que me marier à elle était le seul moyen de m'en sortir. Je n'avais pas le choix et c'est par intérêt que j'ai agi ainsi», admet il.
« Une vieille à la retraite ? C'est l'avenir assuré»
«Il n'y a aucun problème lié à la différence d'âge. Et si par chance, vous tombez sur une femme qui a pris sa retraite, c'est l'avenir assuré. Elles sont les plus nanties et elles ne t’empêchent souvent pas de chercher une autre épouse africaine. Il y’en a même qui se réjouissent d'avoir une coépouse africaine», confie Lamine Sadio qui tient une auberge à Kafountine. La préférence pour les «vieilles», Sadio ne s'en cache pas. Il s'en glorifie : «J'ai un terrain de deux hectares à Diana et un campement dont les dernières retouches sont en train d'être faites. J'ai construit une maison pour ma mère à Keur Mbaye Fall, sur la route de Rufisque, j'ai permis, à ma mère d'aller à la Mecque. El je dois tout cela à mon ex-femme, une Norvégienne qui travaillait dans les assurances. Je l'ai rencontrée au cours d'une soirée de danse traditionnelle organisée à Kafountine. Nous nous sommes connus et tout est allé très vite. »
Aujourd'hui, les jeunes qui comme Sadio, attendent « toubab pour relation pouvant aboutir au mariage » ne voient d'abord là qu'un moyen de promotion sociale. Selon Mohamed Diémé, un jeune promoteur hôtelier qui a commencé par servir de guide aux touristes, «ce sont les toubab qui cherchent à rencontrer ou à se marier avec nous. Il faut en profiter puisqu'à la différence de nos femmes africaines, les toubabs, elles, font tout à votre place et elles vous permettent, en un temps record, de vous faire une place au soleil.» «Aujourd'hui, j'ai deux petits frères qui travaillent en Europe et j'ai engagé des jeunes de mon quartier dans mon campement à Aliéné, dans la communauté rurale de Kafountine. Et ils ont tous des copines ou des femmes européennes qui ont participé à leur épanouissement. Et plusieurs mariages sont déjà programmés», confie Mohamed Diémé. Qui se souvient que dans un passé récent, il ne se pouvait même pas s'acheter une paire de chaussures,
Quelques raisons pour marier un «black»
D'après des indiscrétions concoctées à travers les époux, on se rend compte que la question du mariage mixte est souvent assez complexe. De vieilles dames, des femmes entre deux âges à la recherche de plus de chaleur dans le lit conjugal, voire des femmes qui demandent plus de virilité. Telles sont en général les raisons qui poussent les vieilles blanches à convoler en justes noces avec des jeunes Casamançais. «Les Suédoises et les habitantes de l’Europe septentrionale en général sont férues de jeunes Africains qui ont la trentaine et à qui elles prêtent plus d'efficacité sur le lit conjugal. Souvent, elles ne sont pas déçues», révèle Omar Badji qui vit avec ses deux épouses, une Africaine et une Hollandaise, à Amsterdam. «La séparation vient souvent du côté de l'époux, lassé par des rapports intempestifs avec ces vieilles qui ont dépassé l'âge de la procréation», renseigne-t-il.
Autre explication, l'ambition de développer des activités touristiques en Casamance par la construction de campements ou autres auberges, pousse souvent ces Européennes à convoler en justes noces avec les jeunes casamançais qui n'hésitent pas une seconde de le faire. Souvent ils n'attendent que ça, ces jeunes qui savent que l'avenir est avec ces femmes qui ont travaillé toute leur vie et qui sont à la recherche d'une retraite bien méritée dans un coin perdu de la nature, comme c'est le cas dans des villages comme Cap Skiring, Abéné, Carabane, Kafountine, Ziguinchor, etc.
C'est dire que le mariage d'intérêt est toujours, d'actualité et épouser une Européenne reste comme toujours un raccourci pour se hisser dans le rang social même si ces mariages dénotent clairement la propension des jeunes à avoir la vie de leurs rêves aux prix de leurs performances sexuelles.
Cependant, le revers de la médaille, c'est que malgré les précautions qui existent aujourd'hui, les jeunes sont souvent exposés aux Maladies sexuellement transmissibles (MST) comme le sida avec ces mariages qui sont scellés, pour la plupart, par pur intérêt.
Boubacar SOW
Source Walf Grand Place
À Boucotte sud, un des quartiers de la périphérie de Ziguinchor, des jeunes dans leur langage courant ont déjà défini la toponymie des localités. «Je vais à Stockholm», peut-on par exemple entendre. Et on peut constater qu'il s'agit là d'une dénomination qui est loin d'être fortuite.
«Stockholm, Madrid, .Sttugart », plus proches que jamais
A. Cissé est installé en Suède depuis bientôt sept ans. Il revient tous les mois de décembre pour voir les siens. Il parle même suédois et a une carte de résident, travaille et payé ses impôts. Dans son quartier, il est l'un des premiers de sa génération à se rendre à « Babylone», pour dire l'Europe. Entre l'époque de son premier voyage en Europe et aujourd'hui, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Marié en Suède depuis 2003, Cissé a pu construire un campement à Diana Bolong, un village situé à cinq kilomètres de Kafountine, donnant sur la plage, avec une vue superbe sur l'Océan Atlantique. C'est sa femme qui l'a aidé à financer ce projet. Ces copains de quartier, ses cousins et amis viennent désormais passer la saison touristique dans ce campement. Attendant la venue des touristes, pour la plupart attirés par l'écotourisme qui s'y développe. Ainsi, plusieurs d'entre eux ont pu nouer des liens avec ces touristes, en enseignant des cours de Diémbé ou de gastronomie locale. Des relations sérieuses naissent souvent de ces contacts et aboutissent au mariage. De fil en aiguille, des mariages sont célébrés ça et là. Dans plusieurs cas, les épouses venues de la lointaine Europe vont même jusqu'à accepter de se convertir à la religion musulmane.
Monsieur Cissé, lui, est arrivé à faire sortir plus de six proches du lot et à voir le bout du tunnel. Après le mariage favorisé par les relations tissées dans ce campement, ces jeunes ont réussi à faire des investissements dans leur localité, en créant des emplois et en permettant à d'autres de sortir du lot. Dans ce «Stockolm» local, plusieurs métisses naissent et le maniement de langue suédoise, n’est plus une contrainte. Avoir une toubab comme épouse dans cette localité est donc synonyme d'ascension sociale.
Des mariages de complaisance
Si d'aucuns aiment convoler en juste noce avec une épouse de préférence de race blanche, c'est pour «sortir de la précarité et des conditions de vie difficiles devenues le quotidien des jeunes de la région qui sont plongés dans un chômage chronique», expliquent certains de nos interlocuteurs. Abdoulaye Sagna est Un jeune expatrié qui habite Cap Skiring. Abdoulaye a rompu le mariage qui l'unissait à Virginie, une Espagnole qui a déjà soufflé ses 50 bougies, qui peut donc avoir l'âge de sa mère. C'est en 2006 qu’il s’est marié avec elle, alors qu'elle séjournait dans un grand hôtel du Cap. «Elle voulait aller en excursion dans les îles en basse Casamance. Je lui ai proposé d'être son guide pour visiter la mangrove à l'intérieur des îles. Nous avons loué une pirogue. Tout est parti de là», se souvient-il. En décembre 2006, Abdoulaye Sagna est parvenu, après avoir scellé le lien du mariage avec celle qu'il appelle Mame Diarra, à s'envoler pour Madrid. Après un an de vie commune, 1a lune de miel se transforme, du jour au lendemain, en lune de fiel. «au début, elle m'en fermait dans sa chambre avant d'aller au travail. J'ai souffert ainsi pendant deux ans. Elle m'interdisait de sortir, confisquant mon passeport. Au bout de ces deux années, elle s'est résolue à m’aider à travailler; mais en ayant une mainmise sur mon salaire », raconte A. Sagna. Qui poursuit : «Elle ne voulait même pas que je parle à ses copines. C’est l'ami de la femme d'un ami qui m'a finalement sorti de cette situation avant que je ne brise les liens du mariage. Je n'avais plus rien à perdre puisque je suis en règle avec la législation espagnole.» «Je savais que me marier à elle était le seul moyen de m'en sortir. Je n'avais pas le choix et c'est par intérêt que j'ai agi ainsi», admet il.
« Une vieille à la retraite ? C'est l'avenir assuré»
«Il n'y a aucun problème lié à la différence d'âge. Et si par chance, vous tombez sur une femme qui a pris sa retraite, c'est l'avenir assuré. Elles sont les plus nanties et elles ne t’empêchent souvent pas de chercher une autre épouse africaine. Il y’en a même qui se réjouissent d'avoir une coépouse africaine», confie Lamine Sadio qui tient une auberge à Kafountine. La préférence pour les «vieilles», Sadio ne s'en cache pas. Il s'en glorifie : «J'ai un terrain de deux hectares à Diana et un campement dont les dernières retouches sont en train d'être faites. J'ai construit une maison pour ma mère à Keur Mbaye Fall, sur la route de Rufisque, j'ai permis, à ma mère d'aller à la Mecque. El je dois tout cela à mon ex-femme, une Norvégienne qui travaillait dans les assurances. Je l'ai rencontrée au cours d'une soirée de danse traditionnelle organisée à Kafountine. Nous nous sommes connus et tout est allé très vite. »
Aujourd'hui, les jeunes qui comme Sadio, attendent « toubab pour relation pouvant aboutir au mariage » ne voient d'abord là qu'un moyen de promotion sociale. Selon Mohamed Diémé, un jeune promoteur hôtelier qui a commencé par servir de guide aux touristes, «ce sont les toubab qui cherchent à rencontrer ou à se marier avec nous. Il faut en profiter puisqu'à la différence de nos femmes africaines, les toubabs, elles, font tout à votre place et elles vous permettent, en un temps record, de vous faire une place au soleil.» «Aujourd'hui, j'ai deux petits frères qui travaillent en Europe et j'ai engagé des jeunes de mon quartier dans mon campement à Aliéné, dans la communauté rurale de Kafountine. Et ils ont tous des copines ou des femmes européennes qui ont participé à leur épanouissement. Et plusieurs mariages sont déjà programmés», confie Mohamed Diémé. Qui se souvient que dans un passé récent, il ne se pouvait même pas s'acheter une paire de chaussures,
Quelques raisons pour marier un «black»
D'après des indiscrétions concoctées à travers les époux, on se rend compte que la question du mariage mixte est souvent assez complexe. De vieilles dames, des femmes entre deux âges à la recherche de plus de chaleur dans le lit conjugal, voire des femmes qui demandent plus de virilité. Telles sont en général les raisons qui poussent les vieilles blanches à convoler en justes noces avec des jeunes Casamançais. «Les Suédoises et les habitantes de l’Europe septentrionale en général sont férues de jeunes Africains qui ont la trentaine et à qui elles prêtent plus d'efficacité sur le lit conjugal. Souvent, elles ne sont pas déçues», révèle Omar Badji qui vit avec ses deux épouses, une Africaine et une Hollandaise, à Amsterdam. «La séparation vient souvent du côté de l'époux, lassé par des rapports intempestifs avec ces vieilles qui ont dépassé l'âge de la procréation», renseigne-t-il.
Autre explication, l'ambition de développer des activités touristiques en Casamance par la construction de campements ou autres auberges, pousse souvent ces Européennes à convoler en justes noces avec les jeunes casamançais qui n'hésitent pas une seconde de le faire. Souvent ils n'attendent que ça, ces jeunes qui savent que l'avenir est avec ces femmes qui ont travaillé toute leur vie et qui sont à la recherche d'une retraite bien méritée dans un coin perdu de la nature, comme c'est le cas dans des villages comme Cap Skiring, Abéné, Carabane, Kafountine, Ziguinchor, etc.
C'est dire que le mariage d'intérêt est toujours, d'actualité et épouser une Européenne reste comme toujours un raccourci pour se hisser dans le rang social même si ces mariages dénotent clairement la propension des jeunes à avoir la vie de leurs rêves aux prix de leurs performances sexuelles.
Cependant, le revers de la médaille, c'est que malgré les précautions qui existent aujourd'hui, les jeunes sont souvent exposés aux Maladies sexuellement transmissibles (MST) comme le sida avec ces mariages qui sont scellés, pour la plupart, par pur intérêt.
Boubacar SOW
Source Walf Grand Place