
« Un accord est fragile. Évitez les déclarations », dixit le président de la République qui recevait hier les trois grands pôles de la vie politique mauritanienne après l’accord arraché suite à six jours de tractations au Méridien Président. Une fois le compromis trouvé, Cheikh Tidiane Gadio, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, a tenu à ce que Me Wade lui-même préside la signature de l’accord. Une deuxième signature se fera aujourd’hui en Mauritanie pour formaliser les accords. Wade y est même annoncé. Pour en arriver là, il aura fallu d’énormes manœuvres avec au moins un déplacement du Président sénégalais en Mauritanie, et plus de six pour sorties le chef de la diplomatie sénégalaise. Il fallait convaincre d’abord les parties à venir à Dakar, ce qui n’était pas gagné d’avance. Après des visites et audiences tous azimuts en Mauritanie, Cheikh Tidiane Gadio a préparé le terrain au chef de l’Etat qui était venu à Nouakchott. Une fois toutes les parties à Dakar, le chef de la diplomatie sénégalaise a lancé son cri de guerre aux trois pôles : « Vous ne quitterez pas Dakar sans un accord ». Avec la bénédiction de la communauté internationale, les tractations ont continué jusqu’à hier après-midi. Pourtant dès lundi après-midi, la junte avait donné son accord pour un report de la Présidentielle comme le demandait le groupe de contact. C’est plus tard, dans la même journée, que le Front anti-pustch a suivi. Le Rassemblement des forces démocratiques (Rfd) a sans doute été la partie la plus difficile à convaincre. C’est très tardivement qu’il a donné son accord. Pourtant, les négociations ont été suspendues au moins à quatre reprises, mais les facilitateurs avaient refusé de lâcher du lest. C’est dimanche seulement, après réception des propositions, que chaque délégation a joint son leader pour recueillir son impression. L’accord de Dakar prévoit la constitution d’un gouvernement transitoire d’union nationale et la constitution de la Commission électorale nationale. Il stipule aussi le report du premier tour de l’élection présidentielle initialement prévu le 6 juin jusqu’au 18 juillet et, éventuellement, l’organisation d’un second tour, le 1e août prochain. Le Premier ministre de la transition sera choisi dans le camp du général Mohamed Ould Abdelaziz. Les postes-clés de l’Intérieur, des Finances et de la Communication sont réservées aux partis anti-putsch. Comme pour donner leur onction à cet accord, tous les ambassadeurs des pays membres du conseil de sécurité étaient présents.
Cheikh Mbacké GUISSE
Source: L"as
Cheikh Mbacké GUISSE
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