Quatre mois plus tard, Christian Ribeiro et son épouse française, Mireille, reviennent à la pouponnière pour adopter à nouveau un enfant. Le couple, qui n’a pas d’enfant après 27 ans de mariage, avait, en effet, adopté un premier enfant en 1991. Un enfant dont la mère, après avoir accouché à l’hôpital Le Dantec, l’avait abandonné à Guédiawaye au domicile de l’ancien directeur du Théâtre national Daniel Sorano, Mamadou Traoré. Enfant (prénommé Cheikh avant d’être rebaptisé Samy) qui se retrouvera plus tard à la pouponnière de la Médina sur décision judiciaire jusqu’à son adoption par Christian et Mireille Ribeiro. Il vit aujourd’hui à Nice avec sa famille adoptive.
Lorsque Samy a grandi, Christian et Mireille ont voulu lui trouver un «petit frère». Ils sont alors revenus à la pouponnière des sœurs franciscaines en février 1996 pour jeter leur dévolu sur Mbaye Kémo Antoine. Les formalités d’adoption accomplies, l’enfant leur est confié. Mbaye Kémo Antoine est ainsi rebaptisé Antony Valentin Kémo Ribeiro par ses nouveaux parents, puis acheminé à Nice pour retrouver son «grand frère» Samy Ribeiro.
Aujourd’hui, Antony Valentin Kémo Ribeiro a 14 ans. Il a une vie accomplie et est très choyé par sa «mère», son «père» et son «grand frère». Mais le jeune homme est d’une intelligence sans commune mesure et d’une sensibilité extraordinaire.
«Je veux voir à quoi ressemble ma mère»
Un jour, pendant que la famille est réunie dans leur maison à Nice, Antony Valentin Kémo Ribeiro dit à ses parents d’adoption combien il les aime et les remercie de tout l’amour qu’ils lui ont fait bénéficier, de l’attention qu’ils lui ont portée et de l’éducation qu’ils lui ont donnée. Il les remercie également de ne lui avoir jamais caché la vérité, de lui avoir toujours dit qu’il est adopté. L’enfant finit par leur dire qu’il veut vraiment connaître sa mère biologique, non pas parce qu’il ne les aime plus, mais parce qu’il veut voir à quoi elle ressemble. Un voyage est alors organisé. Et voilà qu'Antony Valentin Kémo Ribeiro et son «père» Christian se retrouvent à Dakar. «Je ne veux pas retrouver ma mère biologique pour vivre avec elle. J’ai des parents qui m’aiment. J’ai une belle vie en France. Mais, il m’arrive de l’imaginer. Je veux la retrouver pour voir à quoi ressemble», déclare Antony Valentin Kémo Ribeiro que nous avons rencontré hier. Le jeune homme, élève en classe de 3e secondaire, très brillant, bon rappeur, animateur de radio chevronné et basketteur de talent, ambitionne d’être un avocat, parce qu’il «déteste l’injustice». «Je veux être avocat pour pouvoir défendre les gens opprimés», dit-il. Il déteste tellement l’injustice que sa visite à la maison des esclaves de Gorée l’a inspiré. Il a écrit un texte poignant de rap sur l’esclavage.
Malgré un cursus scolaire et une enfance entièrement effectué en France, Antony Valentin Kémo Ribeiro se veut formel : «Mon pays, c’est le Sénégal.» «J’ai la carte nationale d’identité française, mais je sais que je suis Sénégalais. Je suis né à l’hôpital Abass Ndaw et je sais qu’il y a certaines valeurs cardinales que je ne peux transgresser. J’ai reçu une éducation sénégalaise. Il arrive que mes amis Français grondent leurs pères, moi je n’ose même pas contredire le mien.»
À la pouponnière de la Médina où il s’est rendu avec son «père» pour retrouver les traces de sa mère, les sœurs franciscaines leur ont dit qu’outre son nom, Aminata Cissé, elles ne savent rien de sa génitrice. Aucune idée de son domicile ou de ses racines. Antony Valentin Kémo Ribeiro est ainsi le seul qui a un dossier quasi-vide à la pouponnière. Mais le jeune homme ne désespère pas de retrouver celle qui l’a mise au monde, même s’il doit retourner en France le 31 août prochain pour la rentrée des classes.
Daouda Mine
Source L'Observateur
Lorsque Samy a grandi, Christian et Mireille ont voulu lui trouver un «petit frère». Ils sont alors revenus à la pouponnière des sœurs franciscaines en février 1996 pour jeter leur dévolu sur Mbaye Kémo Antoine. Les formalités d’adoption accomplies, l’enfant leur est confié. Mbaye Kémo Antoine est ainsi rebaptisé Antony Valentin Kémo Ribeiro par ses nouveaux parents, puis acheminé à Nice pour retrouver son «grand frère» Samy Ribeiro.
Aujourd’hui, Antony Valentin Kémo Ribeiro a 14 ans. Il a une vie accomplie et est très choyé par sa «mère», son «père» et son «grand frère». Mais le jeune homme est d’une intelligence sans commune mesure et d’une sensibilité extraordinaire.
«Je veux voir à quoi ressemble ma mère»
Un jour, pendant que la famille est réunie dans leur maison à Nice, Antony Valentin Kémo Ribeiro dit à ses parents d’adoption combien il les aime et les remercie de tout l’amour qu’ils lui ont fait bénéficier, de l’attention qu’ils lui ont portée et de l’éducation qu’ils lui ont donnée. Il les remercie également de ne lui avoir jamais caché la vérité, de lui avoir toujours dit qu’il est adopté. L’enfant finit par leur dire qu’il veut vraiment connaître sa mère biologique, non pas parce qu’il ne les aime plus, mais parce qu’il veut voir à quoi elle ressemble. Un voyage est alors organisé. Et voilà qu'Antony Valentin Kémo Ribeiro et son «père» Christian se retrouvent à Dakar. «Je ne veux pas retrouver ma mère biologique pour vivre avec elle. J’ai des parents qui m’aiment. J’ai une belle vie en France. Mais, il m’arrive de l’imaginer. Je veux la retrouver pour voir à quoi ressemble», déclare Antony Valentin Kémo Ribeiro que nous avons rencontré hier. Le jeune homme, élève en classe de 3e secondaire, très brillant, bon rappeur, animateur de radio chevronné et basketteur de talent, ambitionne d’être un avocat, parce qu’il «déteste l’injustice». «Je veux être avocat pour pouvoir défendre les gens opprimés», dit-il. Il déteste tellement l’injustice que sa visite à la maison des esclaves de Gorée l’a inspiré. Il a écrit un texte poignant de rap sur l’esclavage.
Malgré un cursus scolaire et une enfance entièrement effectué en France, Antony Valentin Kémo Ribeiro se veut formel : «Mon pays, c’est le Sénégal.» «J’ai la carte nationale d’identité française, mais je sais que je suis Sénégalais. Je suis né à l’hôpital Abass Ndaw et je sais qu’il y a certaines valeurs cardinales que je ne peux transgresser. J’ai reçu une éducation sénégalaise. Il arrive que mes amis Français grondent leurs pères, moi je n’ose même pas contredire le mien.»
À la pouponnière de la Médina où il s’est rendu avec son «père» pour retrouver les traces de sa mère, les sœurs franciscaines leur ont dit qu’outre son nom, Aminata Cissé, elles ne savent rien de sa génitrice. Aucune idée de son domicile ou de ses racines. Antony Valentin Kémo Ribeiro est ainsi le seul qui a un dossier quasi-vide à la pouponnière. Mais le jeune homme ne désespère pas de retrouver celle qui l’a mise au monde, même s’il doit retourner en France le 31 août prochain pour la rentrée des classes.
Daouda Mine
Source L'Observateur